• Maroc : Le panopticon alaouite

    La surveillance numérique au Maroc vise principalement les journalistes indépendants, les défenseurs des droits humains et la population sahraouie (voir chapitre Sahara Occidental). La répression des dissidents visibles est une stratégie efficace, car elle renforce la sensation de contrôle total sur le reste de la population, qui opte pour l’autocensure afin d’éviter la répression. Le Maroc exerce également une pression sur les individus d’intérêt à l’étranger, qu’ils soient chefs d’État ou journalistes étrangers. Cette apparente arbitraire a toujours fait partie de la stratégie répressive du régime. D’une part, la persécution des figures éminentes montre qu’aucun profil de haut niveau n’est protégé, et d’autre part, la répression des citoyens anonymes renforce l’idée d’un contrôle total : le panopticon alaouite.

    Les attentats de Casablanca en 2023 ont accéléré l’entrée du Maroc dans le cadre de la lutte antiterroriste promue par les États-Unis. La loi antiterroriste de 2023, bien que controversée, a été adoptée à l’unanimité après les attentats et a permis une surveillance accrue des médias, sites web, blogs et autres espaces en ligne. Des milliers de personnes ont été détenues sans charges pendant des jours, et des organisations, mouvements et défenseurs des droits humains critiques envers le régime ont été surveillés sous prétexte de « sécurité nationale » et de « maintien de l’ordre public. »

    Depuis le début des années 2000, le Maroc a adopté des lois pour contrôler l’espace numérique (Loi de Cybercriminalité en 2023, Loi de Cybersécurité en 2020). En septembre 2011, la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information et le maCERT, centre de surveillance et de réponse aux cyberattaques, ont été créés. Ces entités relèvent de l’Administration de la Défense Nationale, équivalente au Ministère de la Défense, ce qui signifie que certaines infrastructures de contrôle sont sous une institution militaire, sans obligation de rendre des comptes ni transparence.

    Bien que le Maroc soit classé « partiellement libre » par Freedom House en matière d’accès et de libertés numériques, l’adoption de lois de presse et de libertés aux normes plus ou moins acceptables cache un usage pervers du système judiciaire et du Code pénal. La majorité des défenseurs des droits humains et des journalistes ne sont pas condamnés sous la Loi de la presse et des publications, mais plutôt pour des délits définis dans le Code pénal, entraînant des peines de prison. Cela résulte en une combinaison de législation répressive, de la complicité du système judiciaire et de l’utilisation de technologies intrusives, dont certaines sont développées par des entreprises européennes.

    1. RÉSEAUX SOCIAUX, MOBILISATION ET PEUR DE PERDRE LE CONTRÔLE DU RÉCIT

    L’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux a posé un problème pour le régime qui, dès des affaires comme celle du sniper de Targuist en 2007, a observé que la population pouvait dénoncer le système de manière autonome. Cependant, le point de bascule de la surveillance numérique est arrivé pendant les révoltes de 2011 et le Mouvement du 20 février. La campagne Mamfakinch, organisée par un collectif social quelques jours avant les premières manifestations de février, en est un exemple. L’une des premières acquisitions marocaine pour le contrôle numérique fut le malware sous forme de cheval de Troie activable à distance de l’entreprise italienne Hacking Team, utilisé contre des journalistes et contre Mamfakinch. Parmi les clients figuraient deux agences de renseignement marocaines : le Conseil Supérieur de la Défense Nationale (CSDN) et la Direction Générale de Surveillance du Territoire (DGST), qui ont obtenu ce logiciel en 2009 et 2012, respectivement.

    En octobre 2016, des manifestations massives du Hirak Rif ont rassemblé des milliers de personnes dans le nord du Maroc, avec des détentions de défenseurs des droits humains, journalistes et blogueurs entre mai et août 2017 pour leurs activités en ligne.

    2. MANIPULATION DES RÉSEAUX SOCIAUX

    Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont la principale source d’information pour les Marocains, avec YouTube et Facebook en tête. Par conséquent, ce sont ces réseaux qui sont surveillés et réprimés avec des stratégies variées. Une de ces stratégies est l’utilisation de réseaux de comportement inauthentique coordonné, qui visent à influencer l’opinion publique locale et régionale. Meta a ainsi supprimé des centaines de comptes liés à des activités pro-gouvernementales qui louaient la gestion par le Maroc de la pandémie, ses initiatives diplomatiques, ainsi que la réponse de ses forces de sécurité, mettant en avant le roi Mohammed VI et certains hauts fonctionnaires de la sécurité. Ces comptes étaient associés à des médias pro-régime comme ChoufTV, réputé pour ses campagnes diffamatoires contre les défenseurs des droits humains. Selon Meta, environ 150 000 comptes suivaient une ou plusieurs de ces pages.

    3. SURVEILLANCE ET CONTRÔLE MASSIF DES COMMUNICATIONS

    La surveillance et le contrôle massifs des communications s’effectuent avec des technologies de pointe, ce qui implique non seulement un contrôle de l’information circulant et publiée, mais également des coupures numériques temporaires. Bien que le filtrage (blocage de sites et d’informations spécifiques) ne soit pas l’outil le plus utilisé, il est appliqué de manière arbitraire et sans avertissement officiel. Les dispositifs de surveillance particulièrement intrusifs ciblent les défenseurs des droits humains et les personnes critiques envers le régime.

    En 2019, Amnesty International a révélé que les appareils de plusieurs défenseurs des droits humains avaient été infectés par Pegasus, un logiciel espion de l’entreprise israélienne NSO Group. Des journalistes, des chercheurs, et des avocats comme Aminatou Haidar, Maati Monjib, et Omar Radi ont été surveillés. En 2022, Amnesty International et Citizen Lab ont découvert des preuves de l’utilisation de Pegasus par les autorités marocaines, avec une liste de potentiels ciblés allant jusqu’à 10 000 personnes, y compris le roi Mohammed VI. Le Maroc a également espionné des défenseurs des droits sahraouis et des personnalités étrangères comme des journalistes français, le président Emmanuel Macron, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez et plusieurs ministres.

    En outre, le groupe de journalisme d’investigation français Reflets a révélé l’achat par le Maroc du système Eagle, un dispositif de surveillance numérique massif développé par la société française Amesys (Nexa Technologies), doté de fonctions de censure via l’inspection en profondeur des paquets. En 2011, le Maroc avait investi près de 2 millions d’euros dans ce système, sous le nom de « Projet Popcorn. »

    Enfin, Citizen Lab a mis en lumière l’achat du logiciel malveillant FINFisher par le Conseil Supérieur de la Défense Nationale du Maroc. FINFisher, vendu exclusivement aux agences gouvernementales et aux forces de l’ordre, permet un contrôle à distance des appareils infectés, la copie de fichiers, l’interception d’appels Skype, et le suivi des frappes sur le clavier.

    Source : Surveillance massive au Maghreb et au Mashreq

    #Maroc #SaharaOccidental #Espionnage #France

  • Netanyahu : Lamentations et accusations de l’antisémitisme de Netanyahu après la décision de la CPI

    Le Premier ministre israélien de guerre, Benjamin Netanyahu, a réagi avec « indignation » dans un message vidéo à l’ordre d’arrestation émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI). « Aucune décision anti-israélienne scandaleuse ne nous empêchera, ni moi personnellement, de défendre notre pays par tous les moyens possibles. » Son bureau a qualifié les mandats d’arrêt d’ »antisémites ». Il a également déclaré qu’Israël rejetait les « accusations absurdes et fausses » de la Cour.

    Le chef de guerre a déclaré dans son message qu’il ne céderait pas aux pressions. Il a parlé d’un « jour sombre » dans l’histoire mondiale. « La Cour pénale internationale de La Haye, qui est censée protéger l’humanité, est aujourd’hui devenue l’ennemie de l’humanité », a déclaré Netanyahu. Il a qualifié les accusations portées contre lui de « sans fondement ».

    La Cour mondiale de l’ONU souhaite poursuivre ce criminel de guerre pour crimes de guerre dans la bande de Gaza, où Israël mène depuis plus d’un an des attaques sanglantes contre la population palestinienne. Depuis octobre dernier, au moins 44 000 Palestiniens ont été tués et 105 000 autres blessés. Plus de 70 % des victimes sont des enfants et des femmes.

    La CPI a également ordonné l’arrestation de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et d’un haut responsable du groupe de résistance palestinien Hamas. Plusieurs pays européens, dont les Pays-Bas, ont clairement indiqué leur intention de coopérer avec la Cour de La Haye et de mettre en œuvre le mandat d’arrêt.

    Les mandats d’arrêt de la CPI découlent d’accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à Gaza, y compris l’affamement et la persécution systématique. La CPI estime qu’il existe des motifs raisonnables pour tenir Netanyahu et Gallant pour responsables.

    Source : Nieuws Marokko

    #Israël #Netanyahu #CPI #Crimes #Gaza #Palestine

  • Le Maroc…une histoire de trahison

    La trahison et la perfidie des sultans et des rois du Maroc ne datent pas d’hier. Le peuple algérien, en particulier, a connu la souffrance de ces trahisons à travers les siècles. De la trahison du sultan Moulay Abd al-Rahman envers l’émir Abdelkader, en conspirant avec les colonisateurs français, à celle de Moulay Hassan II et son héritier lors de l’attaque des terres algériennes en 1963, ces événements témoignent de l’hostilité ancrée dans les esprits et les cœurs des dirigeants marocains.

    Le 25 février 1873, le journal le New York Times a publié un article qui reste gravé dans la mémoire des dirigeants du Maroc, mettant en lumière la trahison dont fut victime l’émir Abdelkader. L’article affirmait que la défaite de l’émir face à la colonisation française ne résidait pas dans la supériorité des armes françaises, mais dans la trahison du sultan marocain Abd al-Rahman, qui s’allia avec l’ennemi français pour encercler l’émir.

    L’article raconte qu’en 1844, le sultan Abd al-Rahman avait signé un accord avec la France coloniale sous le nom de « Traité de Tanger », abandonnant ainsi son soutien à l’émir Abdelkader. Pire encore, il envoya son armée encercler celle de l’émir, déjà assiégée par l’armée française.

    Dans une lettre adressée aux savants de l’Azhar en Égypte, l’émir Abdelkader exprima sa déception de la soumission et des retournements du pouvoir alaouite, accusant ouvertement le sultan Abd al-Rahman de trahison.

    Toujours selon le New York Times, la défaite de l’émir Abdelkader fut une nouvelle fois causée par la trahison, cette fois des Français, qui ne respectèrent pas les termes de l’ »accord de sécurité » qui permettait à l’émir et à sa famille, ainsi qu’à ceux qui désiraient l’accompagner, de migrer vers le monde arabe.

    Le journal poursuit en détaillant la trahison française : « Les Français, qui n’avaient cessé de condamner la trahison anglaise envers Napoléon Ier, n’hésitèrent pas à trahir de manière honteuse le chef des Algériens ». L’émir Abdelkader se rendit au général Lamoricière sous condition qu’il soit transféré en Égypte ou à Saint-Jean-d’Acre. Mais les généraux français, soucieux de leur sécurité plus que de leur honneur, violèrent leur promesse et envoyèrent l’émir en France.

    L’émir arriva en France le 29 janvier 1848, et ni Louis-Philippe ni la République de février n’osèrent restaurer l’honneur de la France en le libérant. Il demeura emprisonné jusqu’en décembre 1852, date à laquelle l’empereur Napoléon III lui accorda sa liberté, sous la condition qu’il ne retourne pas en Algérie et ne prenne pas les armes contre les Français.

    L’étoffe des grands hommes

    Le journal décrit l’émir Abdelkader comme « l’un des plus grands chefs militaires du siècle », soulignant que sous sa direction, les Algériens parvinrent à affronter les meilleures troupes françaises, infligeant des défaites à leurs généraux lors de batailles classiques. Il précise aussi que l’émir méritait d’être classé parmi les plus grands hommes de ce siècle, en notant son action à Damas, où, après sa libération, il protégea les chrétiens des violences collectives.

    Le New York Times conclut en soulignant que si l’émir Abdelkader nourrissait encore de la rancune envers ceux qui l’avaient trahi (en particulier le Maroc), il fut vengé par la défaite humiliante du général Lamoricière en Italie et l’occupation de la France par les armées allemandes. Il reste « un patriote fidèle, un génie militaire incontestable, un homme d’honneur et un homme d’État ».

    Pour ne pas oublier

    En réponse à une question posée par le journal El Khabar concernant les trahisons des sultans du Maroc à travers l’histoire, le chercheur en histoire, Dr. Jamal Yahiaoui, affirme que  » revenir sur les serments et les promesses ainsi que la trahison sont des caractéristiques profondément enracinées au Maroc, et cela dure depuis plus de trois siècles. La trahison du sultan marocain Abd al-Rahman envers l’émir Abdelkader ne peut être résumée en quelques lignes ». « Le sultan marocain a persisté dans la trahison et la complicité avec les Français contre l’émir Abdelkader, s’alliant avec les ennemis contre le voisin musulman. Cela a poussé l’émir à demander un avis religieux sur ce qui se passait. Il consulta les savants de l’Université Al-Azhar, et l’imam Mohamed Ben Ali Chich, mufti des malékites, ainsi que les savants de Fès qui répondirent également par une fatwa. Cependant, l’émir Abdelkader refusa de lever les armes contre le sultan en raison de sa foi musulmane » poursuit-il.

    Yahiaoui continue en expliquant que « Le sultan marocain est allé plus loin dans sa perfidie et sa trahison, fournissant un soutien logistique à l’armée française assiégée par l’émir Abdelkader. Cette dernière aurait presque été anéantie, n’était la trahison du sultan marocain. Par ailleurs, il confisquait les provisions destinées à l’armée de l’émir. L’émir mentionna cela dans une lettre adressée aux savants de l’Université Al-Azhar, où il écrivit :

    « Ce que le sultan du Maroc a fait contre nous est une infamie qui ne pourrait être attendue de n’importe qui, encore moins des dignitaires… Il a confisqué de notre agent mille cinq cents fusils anglais, ainsi que quatre cents vêtements de laine que nous avions préparés pour les moudjahidines. Lorsque certains de ses sujets dévoués ont pris une partie de leur bien personnel pour aider les moudjahidines, le sultan les réprimanda, leur enleva leur bien et leur dit : « Cela me revient », bien qu’il ne fût pas engagé dans la guerre. Il interdisait également aux tribus sous son autorité d’aider les nôtres au nom de Dieu « .

    Le sultan est allé jusqu’à envoyer son armée pour encercler celle de l’émir Abdelkader alors que celle-ci affrontait l’armée française. Cependant, la sagesse de l’émir et son attachement aux enseignements de l’Islam ne lui permirent pas de combattre un voisin musulman malgré les coups répétés dans le dos ».

    Dr. Yahiaoui attire également l’attention sur le fait que le sultan du Maroc, persistant dans sa trahison, a signé avec la France « le Traité de Tanger » en 1844, puis l’Accord de Lalla Maghnia en 1945.

    Il souligne que l’article du New York Times publié en février 1873 confirme que la défaite subie par l’émir Abdelkader ne provenait pas de la supériorité de l’armée française, mais de la trahison dont il a été victime de la part du sultan marocain Abd al-Rahman, qui s’était allié avec l’ennemi français pour l’encercler.

    El Khabar, 21/11/2024

    #Maroc #Algérie #EmirAbdelkader #trahison

  • Algérie : Défis et priorités devant le nouveau gouvernement

    L’équipe gouvernementale du second mandat présidentiel de M. Abdelmadjid Tebboune, un gouvernement élargi s’il en est avec le maintien de certains titulaires de portefeuilles ministériels importants dont les Finances et l’Intérieur, a devant elle des défis importants, stratégiques. Sur le plan politique d’abord, le gouvernement Larbaoui II va poursuivre le renforcement des actions de l’État envers le citoyen avec un plus grand rapprochement de l’administration et des collectivités locales des préoccupations citoyennes.

    Autant dans le domaine du développement local (éducation, santé, routes, transports) qu’en matière de délivrance de documents administratifs, de bonne gouvernance et de gestion des collectivités locales. Il s’agit également de renforcer les acquis démocratiques avec une amélioration de la synergie entre l’état et les partis politiques, et, en particulier, l’action citoyenne des partis par rapport à l’accompagnement des efforts de l’état dans le domaine de la bonne gouvernance et la transparence dans les décisions des collectivités locales en direction de la demande sociale.

    Dans le domaine économique et financier, en second lieu, l’équipe gouvernementale a devant elle, en particulier les départements en charge des volets économie‐commerce‐ énergie‐transports, un copieux plan de charge : maintenir la dynamique actuelle d’une croissance économique de plus de 3%, éviter les déficits budgétaires, et, en parallèle, maintien de la satisfaction de la demande sociale en termes de produits de large consommation, dont ceux importés.

    Les défis sont énormes en ce que le nouveau gouvernement doit jouer à l’équilibriste entre le maintien d’un certain confort social des citoyens par rapport à la disponibilité et à des prix abordables des produits de large consommation, le containement de l’inflation à moins de 4‐3%, et d’autre part, libérer les investissements créateurs de postes de travail et de richesses avec la relance de la production nationale et, en parallèle, ne pas brider les importations de demi‐produits nécessaires à l’appareil de production nationale.

    Le président Abdelmadjid Tebboune, en mettant en place un gouvernement Larbaoui II, moins de deux mois après sa réélection, donne en fait le tempo pour une nouvel‐ le vision des objectifs à réaliser durant son second mandat, à savoir une plus grande fluidité de l’action de l’état d’abord en direction du citoyen et la demande sociale, le maintien du caractère social de l’état algérien, tout en ne dérogeant pas aux principes économiques d’une croissance soutenue certes par le secteur énergétique (gaz, pétrole, pétrochimie), mais également par la production nationale hors hydrocarbures (agriculture, ciments, acier, minerais, services) qui devrait bénéficier d’importants investissements et un soutien financier par des prêts bancaires judicieux. Sur le plan diplomatique, le nouveau gouvernement aura deux grandes missions : d’abord maintenir la voix de l’Algérie parmi les grands décideurs politiques de la planète au sein des grands ensembles politiques dont les Nations‐Unies, les Non‐Alignés, ou l’Union africaine et les groupes régionaux (G20, etc..).

    Car l’Algérie reste un des acteurs‐clés du soutien international à la cause palestinienne en ces moments difficiles pour le peuple palestinien, ensuite il y aura la question de la décolonisation du Sahara Occidental à imposer à l’agenda de l’ONU comme question prioritaire, et, en parallèle, l’Algérie devrait jouer les premiers rôles autant au sein de la Ligue arabe qu’au sein de l’Union africaine par rapport aux défis géostratégiques qui menacent ces deux ensembles politiques continentaux.

    Les challenges sont ainsi énormes : d’abord pour le ministère de la défense nationale avec la nomination de M. Said Chanegriha au poste de ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, chef d’état‐major de l’Armée nationale populaire. Un poste sensible et important au regard des missions dévolues à l’ANP autant pour la défense du territoire national contre toute mena‐ ce extérieure que pour moderniser, développer et former le potentiel de défense militaire et stratégique du pays.

    Le maintien à leur poste de MM. Attaf (affaires étrangères) et M. Ibrahim Merad (Intérieur et collectivités locales) témoigne de la volonté du président Tebboune de poursuivre une certaine dynamique dans la vision de la gestion des affaires du pays, ainsi que par la cohésion de l’action de l’état au plus haut niveau de responsabilités, d’autant que les deux ministres ont accompli un travail remarquable durant le premier mandat du chef de l’état.

    Dans l’exécutif Larbaoui II, qui correspond donc à un reprofilage gouvernemental, le ton a été donné pour une régénération de l’action de l’état dans certains domaines névralgiques, porteurs de croissance économique, d’amélioration des conditions sociales des citoyens et de maintien de l’effort de développement multisectoriel du pays par d’importants investissements humains et financiers.

    Des changements de postes ont été introduits pour certains détenteurs de portefeuilles ministériels, et de nouvelles nominations, dont celle de M. Mohamed Meziane au département de la Communication. Un secteur important dans la stratégie de communication du gouvernement, et de politique étrangère en particulier dans la mesure où l’Algérie se doit de se protéger face à la menace extérieure sous forme d’attaques médiatiques qui ont été observées ces derniers temps. Une bonne communication et une presse lucide, consciente des enjeux politiques du moment, est à même d’accompagner l’État algérien dans ses efforts de développement social et économique, et de répondre aux menaces extérieures.

    Le gouvernement Larbaoui II aura ainsi un ordre du jour important, poursuite des réformes économiques, soutien de l’État aux couches sociales défavorisées et maintien de l’action diplomatique de l’Algérie au sein des grands ensembles internationaux, dont les Nations Unies pour faire entendre la voix des peuples opprimés. Quant au plan interne, la mission du gouvernement Larbaoui II est simple : maintien des grands équilibres macro‐économiques, de la croissance et satisfaction des besoins de la demande sociale.

    L’Express, 20/11/2024

    #Algérie #gouvernement #remaniement #Larbaoui

  • Gaza : Au Conseil de Sécurité, le veto américain sur une résolution de cessez-le-feu à Gaza dénoncé

    Plusieurs membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont dénoncé, mercredi, un quatrième veto des États-Unis sur une résolution de cessez-le-feu proposée dans la bande de Gaza.

    L’Ambassadeur Permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, Amar Bendjama, le veto américain est un « message clair. D’abord, pour la puissance occupante israélienne : « Vous pouvez poursuivre votre génocide, vous pouvez continuer à infliger une punition collective au peuple palestinien en toute impunité. Dans cette chambre, vous jouissez de l’immunité. »

    Au peuple palestinien, un autre message clair : « Alors qu’une majorité écrasante dans le monde exprime sa solidarité avec votre situation, tragiquement, d’autres restent indifférents à vos souffrances». ajoute Bendjama.

    L’envoyé de la Chine, Fu Cong, a exprimé sa déception face au résultat du vote et a accusé les États-Unis de compromettre les espoirs des Palestiniens « de survivre, les poussant davantage dans l’obscurité et le désespoir » par l’usage du veto.

    Indiquant que les actions des États membres ne « s’échapperaient pas au jugement sévère de l’histoire », Fu a demandé : « La vie des Palestiniens ne signifie-t-elle rien ? »

    « Combien de personnes doivent encore mourir avant que les États-Unis ne se réveillent de leur sommeil prétendu ? » a-t-il demandé de manière rhétorique.

    Fu a soutenu que les veto répétés des États-Unis « ont réduit l’autorité du Conseil de sécurité et du droit international à un niveau historiquement bas. »

    « Nous appelons les États-Unis à prendre leurs responsabilités en tant que membre permanent du Conseil au sérieux. Les États-Unis doivent cesser d’être passifs et évasifs, » a-t-il déclaré.

    L’envoyé français, Nicolas de Rivière, a exprimé « un profond regret » concernant le veto et a noté que la situation à Gaza se détériorait chaque jour.

    « Le droit international humanitaire est piétiné, » a-t-il déclaré, soulignant que seule une réponse de cessez-le-feu aurait été appropriée.

    L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a affirmé qu’il n’était pas surprenant que les États-Unis aient opposé leur veto à la résolution.

    « Depuis des mois, les États-Unis ont fait obstruction et ont embrouillé les choses, empêchant l’action du Conseil pour répondre à la situation catastrophique à Gaza et prenant parti dans le conflit pour faire avancer leurs propres objectifs politiques au détriment des vies palestiniennes, » a-t-il dit.

    Le veto était « scandaleux », a-t-il déclaré. « Nous n’avons pas besoin d’être sermonnés par les États-Unis sur l’hypocrisie. L’hypocrisie est ce qu’ils montrent chaque jour dans différents conflits. »

    S’adressant à l’envoyé adjoint des États-Unis, Robert Wood, Nebenzia a déclaré : « Vous avez aujourd’hui démontré de manière définitive que vous êtes pleinement responsable de la mort de dizaines de milliers de civils innocents, de l’interdiction des réfugiés, de la souffrance des otages et de la détention illégale de Palestiniens. »

    L’envoyée du Royaume-Uni, Barbara Woodward, qui préside également le Conseil de sécurité pour le mois de novembre, a exprimé des regrets quant au veto. « Le droit international humanitaire doit être respecté par toutes les parties, » a-t-elle dit.

    L’envoyée du Guyana, Carolyn Rodrigues-Birkett, a exprimé ses regrets et noté que « l’annihilation du peuple palestinien est une tache majeure sur notre conscience humaine collective. »

    Rodrigues-Birkett a déclaré que l’opportunité pour le Conseil de retirer cette tache avait été « paralysée par un veto. »

    « Le maintien d’une misère absolue ne peut et ne doit pas être le sort des Palestiniens, » a-t-elle affirmé, en appelant à mettre fin au conflit.

    Rodrigues-Birkett a dit aux journalistes après la session que les dix membres élus avaient « démontré une grande flexibilité pour parvenir à un consensus au sein du Conseil. »

    « Nous sommes donc profondément déçus que le texte n’ait pas été adopté, » a-t-elle déclaré, mais a ajouté que « nos efforts collectifs pour mettre fin aux hostilités ne s’arrêteront pas. »

    #Gaza #Israël #EtatsUnis #ONU #Veto #Palestine #Génocide

  • Réactions aux mandats de la CPI visant des dirigeants israéliens et du Hamas

    Par Reuters

    Voici les réactions aux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le commandant du Hamas Ibrahim al-Masri, que l’on croit décédé. Ces mandats portent sur des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, en lien avec l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la campagne militaire israélienne à Gaza depuis lors.

    ISRAËL
    Bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu :
    « Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et fausses portées contre lui par la CPI, » a déclaré le bureau, qualifiant cette décision d’antisémite.

    Ancien ministre de la Défense Yoav Gallant :
    « Fini le temps où l’on pouvait nous refuser le droit de nous défendre. La tentative de nier à Israël son droit d’atteindre ses objectifs dans cette guerre juste échouera. »

    Président israélien Isaac Herzog :
    « La décision a choisi le camp du terrorisme et du mal contre la démocratie et la liberté, transformant le système judiciaire international en bouclier humain pour les crimes contre l’humanité du Hamas. »

    Ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar :
    « Un moment sombre pour la Cour pénale internationale, » a déclaré Saar, ajoutant que la cour avait « perdu toute légitimité » et qu’elle avait émis des « ordres absurdes sans autorité ».

    Chef de l’opposition israélienne Yair Lapid :
    « Israël défend sa vie contre des organisations terroristes qui ont attaqué, assassiné et violé nos citoyens ; ces mandats d’arrêt sont une récompense pour le terrorisme. »

    Ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich :
    « Israël continuera à défendre ses citoyens et sa sécurité avec détermination, » a-t-il déclaré, appelant Netanyahu à rompre tout contact avec la cour et à imposer des sanctions à l’Autorité palestinienne et à ses dirigeants « jusqu’à leur effondrement ».

    Ministre de la Sécurité israélien Itamar Ben-Gvir :
    « La Cour pénale internationale de La Haye montre encore une fois qu’elle est antisémite de bout en bout. »

    PALESTINIENS
    Déclaration officielle du Hamas :
    « Nous appelons la Cour pénale internationale à élargir la portée de la responsabilité à tous les dirigeants criminels de l’occupation. »

    Haut responsable du Hamas Basem Naim :
    « C’est une étape importante sur le chemin de la justice et pour rendre justice aux victimes, mais cela reste une étape limitée et symbolique si elle n’est pas soutenue pratiquement par tous les pays. »

    Autorité palestinienne :
    L’AP a salué la décision et a exhorté les membres de la cour à la mettre en œuvre, a rapporté l’agence de presse palestinienne WAFA.

    ÉTATS-UNIS
    Porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche :
    « Les États-Unis rejettent fondamentalement la décision de la Cour d’émettre des mandats d’arrêt pour des responsables israéliens. Nous restons profondément préoccupés par la précipitation du Procureur à demander des mandats d’arrêt et par les erreurs de procédure troublantes qui ont mené à cette décision. »

    Sénateur américain républicain Lindsey Graham :
    « La Cour est une plaisanterie dangereuse. Il est maintenant temps pour le Sénat américain d’agir et de sanctionner cet organe irresponsable. »

    CANADA
    Premier ministre Justin Trudeau :
    « Il est vraiment important que chacun respecte le droit international, » a déclaré Trudeau, ajoutant que le Canada respecterait les décisions des cours internationales.

    EUROPE
    Chef de la politique étrangère de l’UE Josep Borrell :
    Borrell a déclaré que les mandats de la CPI visant Netanyahu et Gallant ne sont pas politiques et que la décision de la cour devait être respectée et mise en œuvre.

    Ministre des Affaires étrangères néerlandais Caspar Veldkamp :
    « Les Pays-Bas respectent évidemment l’indépendance de la CPI, » a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous n’engagerons pas de contacts non essentiels et nous agirons sur les mandats d’arrêt. Nous respectons pleinement le Statut de Rome de la CPI. »

    Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Christophe Lemoine :
    Le porte-parole a déclaré que la réaction française aux mandats serait « conforme aux statuts de la CPI » mais a refusé de dire si la France arrêterait le dirigeant s’il venait dans le pays. « C’est un point juridiquement complexe, » a-t-il déclaré.

    Porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer :
    La Grande-Bretagne respecte l’indépendance de la CPI, a déclaré le porte-parole, sans confirmer si elle respecterait les mandats.

    Ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani :
    Rome envisage avec ses alliés comment interpréter la décision et agir ensemble. « Nous soutenons la CPI … la cour doit jouer un rôle juridique et non politique, » a-t-il ajouté.

    Ministre norvégien des Affaires étrangères Espen Barth Eide :
    « Il est important que la CPI accomplisse son mandat de manière judicieuse. J’ai confiance que la cour poursuivra l’affaire en respectant les plus hautes normes d’un procès équitable. »

    Ministre suédoise des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard :
    La Suède et l’UE « soutiennent le travail important de la cour et protègent son indépendance et son intégrité. » Les autorités judiciaires suédoises décident de l’arrestation des personnes visées par des mandats de la CPI sur le territoire suédois, a-t-elle ajouté.

    Premier ministre irlandais Simon Harris :
    Il a qualifié les mandats de « pas extrêmement significatif » et a ajouté que l’Irlande respecte le rôle de la CPI et que toute personne en mesure d’aider la cour dans son travail vital doit le faire « avec urgence ».

    Office fédéral de la justice suisse :
    Il a déclaré qu’il est tenu de coopérer avec la CPI en vertu du Statut de Rome et devrait donc arrêter Netanyahu, Gallant ou Masri s’ils entraient en Suisse et engager leur extradition vers la cour.

    Ministre autrichien des Affaires étrangères Alexander Schallenberg :
    Il a qualifié le mandat d’incompréhensible et de risible, mais le bureau de Schallenberg a également déclaré qu’en tant que partie aux statuts de Rome, l’Autriche est obligée d’exécuter les mandats d’arrêt de la CPI.

    MOYEN-ORIENT
    Ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi :
    Il a déclaré que les décisions de la CPI doivent être respectées et mises en œuvre, ajoutant que « les Palestiniens méritent justice ».

    Reuters, 21/11/2024

    #Israël #Netanyahu #CPI #mandat #gallant #crimes #Gaza #Palestine

  • 🔴Les États-Unis rejettent les mandats d’arrêt contre Netanyahu

    Les États-Unis « rejettent fondamentalement » la décision de la Cour pénale internationale de délivrer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, a déclaré jeudi la Maison Blanche.

    « Nous restons profondément préoccupés par la précipitation du Procureur à demander des mandats d’arrêt et les erreurs de procédure inquiétantes qui ont conduit à cette décision. Les États-Unis ont clairement indiqué que la CPI n’a pas de juridiction sur cette affaire », a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

    La déclaration ne mentionne pas le mandat d’arrêt de la CPI également émis contre Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas.

    Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale désigné sous l’administration du président élu Donald Trump, a défendu Israël et promis une « réponse forte au biais antisémite de la CPI et de l’ONU dès janvier. »

    « La CPI n’a aucune crédibilité, et ces allégations ont été réfutées par le gouvernement américain, » a déclaré Waltz sur X.

    Ses commentaires reflétaient une indignation plus large parmi les Républicains, certains appelant le Sénat américain à sanctionner la CPI, qui compte 124 membres nationaux censés arrêter les individus faisant l’objet de mandats.

    Ni les États-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, et tous deux ont rejeté sa juridiction.

    La cour basée à La Haye a déclaré jeudi que les mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant avaient été émis « pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins du 8 octobre 2023 au 20 mai 2024 au moins. »

    Un mandat a également été émis contre Deif, qu’Israël affirme avoir tué lors d’une frappe aérienne à Gaza en juillet, bien que le Hamas n’ait pas confirmé sa mort.

  • Ukraine – Russie : Le saut vers l’inconnu

    L’administration Biden semble bel et bien décidée à laisser une situation ingérable en Europe de l’Est, après avoir orchestré l’escalade la situation dans la guerre en Ukraine. Le président américain a ainsi mis en garde mardi contre le risque d’une défaite face à Moscou en cas de fin de l’aide des États-Unis, jugeant la «survie» de l’Ukraine en jeu au moment où les tirs de missiles américains ATACMs sur le territoire russe fait craindre une propagation du conflit.

    Au 1000e jour de la guerre, Moscou a promis une réponse «appropriée» après l’attaque menée par l’Ukraine sur son sol pendant la nuit de lundi à mardi, et a annoncé que les possibilités de recours à l’arme nucléaire étaient ainsi élargies, une rhétorique dénoncée par les Occidentaux. Alors que, sur le terrain, les troupes russes avancent sur plusieurs secteurs du front, Kiev et ses alliés européens s’inquiètent des conséquences du retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump, qui a promis de mettre fin à l’aide américaine en direction de l’effort de guerre ukrainien.

    «S’ils coupent l’aide, je pense que nous perdrons», a déclaré le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une interview sur Fox News. «Bien sûr, dans tous les cas, nous resterons, nous nous battrons. Nous avons notre production. Mais ce n’est pas assez pour l’emporter. Et je pense que ce n’est pas assez pour survivre», a-t-il ajouté, insistant sur l’importance de «l’unité» entre l’Ukraine et les États-Unis. Un haut responsable américain a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que les États-Unis allaient également fournir à l’Ukraine des «mines antipersonnel non persistantes», c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation pour empêcher qu’elles ne constituent un danger pendant des générations après la fin de la guerre, pour renforcer ses défenses face à l’invasion russe.

    Durant sa campagne, Donald Trump a promis à plusieurs reprises de mettre rapidement fin à la guerre, sans préciser comment. Lundi, sa garde rapprochée a même dénoncé une «escalade», voire un risque de «troisième guerre mondiale» après la décision de Joe Biden d’autoriser l’Ukraine à frapper en territoire russe avec des missiles longue portée de fabrication américaine. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pour sa part jugé, en marge du G20 à Rio, que cela adressait «un signal» selon lequel l’Ukraine et les Occidentaux «veulent l’escalade». Il s’agit d’«une nouvelle phase de la guerre occidentale contre la Russie et nous réagirons en conséquence», a-t-il martelé.

    Pour lui, ces missiles précis fournis par les États-Unis ne peuvent pas être employés par Kiev «sans l’aide d’experts et d’instructeurs américains». En réponse, Lavrov a invité les Occidentaux à «lire la totalité» de la nouvelle doctrine nucléaire russe, officialisée mardi par Vladimir Poutine, qui élargit la possibilité d’un recours à l’arme atomique en cas d’attaque «massive» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire. Une référence claire à l’Ukraine, pas à même de s’en doter rapidement, et aux États-Unis.

    Face au Parlement ukrainien, Volodymyr Zelensky a estimé que le dénouement interviendrait en 2025 par des «moyens diplomatiques» et a reconnu que l’Ukraine pourrait devoir attendre l’après-Poutine pour «rétablir» son intégrité territoriale, les forces russes occupant près de 20 % de sa superficie. C’est la première fois qu’il admet ainsi que son pays devra «peut-être» accepter, pendant un temps, la perte de zones occupées par la Russie. Conscient que la prochaine administration américaine lui couperait certainement les aides nécessaires à l’effort de guerre de son pays, il est conscient qu’il n’aura d’autre moyen que d’accepter de régler la situation au plus vite. Reste à voir si les démocrates à Washington, au pouvoir pour encore deux mois, essaieront une fois encore de détériorer la situation en Ukraine pour empêcher, quoi qu’il en coûte, Trump de conclure un accord de paix.

    Nouveau pas de fait vers la guerre nucléaire en Europe

    Ce n’est sans doute pas un hasard si Joe Biden a attendu la fin de son mandat pour autoriser l’Ukraine à se servir des missiles à longue portée ATACMS contre des cibles situées derrière les lignes de défense russes, une première depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est d’autant moins un hasard que cette autorisation a été confortée dans les heures qui ont suivi par une autre décision, celle de lever l’interdiction de fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel.

    Coup sur coup, donc, deux mesures qui évidemment ont pour double objectif d’exacerber le conflit et de compliquer la tâche du successeur de Biden qui tout au long de la campagne s’est fait fort de mettre fin à la guerre en 24 heures. Maintenant, il est vrai, on peut toujours considérer que s’il y a escalade, la responsabilité en incombe en premier lieu aux Russes, qui attaqués sur leur sol, à Koursk plus précisément, ont appelé en renfort des milliers de soldat nord-coréens. Cet argument tiendrait plus ou moins si les ATACMS ne se trouvaient pas déjà sur le sol ukrainien, s’ils avaient été livrés tout récemment, et après l’arrivée des Nord-Coréens en territoire russe.

    Or ils étaient déjà sur place, dans l’attente d’une occasion, ou d’un prétexte, à même de justifier leur emploi, quelque chose que le président ukrainien Volodymyr Zelensyi réclamait à cor et à cri, chose qui maintenant lui est accordée. Toutes les restrictions s’y rapportant ne sont pas encore levées pour autant, puisque les Ukrainiens ne seraient pas encore autorisés à les envoyer loin dans la profondeur, jusqu’à atteindre des villes russes par exemple, mais seulement à une distance relativement courte de la frontière russe. Ce que justement les Ukrainiens n’ont guère tardé à faire.

    Quelques heures après avoir reçu l’autorisation, ils ont tiré 6 missiles ATACMS sur Bryansk, non loin de la frontière, qui cependant semblent avoir été tous interceptés par la défense anti-aérienne russe. Aux Etats-Unis mêmes, l’autorisation accordée par le président sortant n’a guère plu aux républicains, qui y voient un mauvais coup dirigé davantage contre eux et le président élu que contre la Russie. Ce que Biden a fait et fera peut-être dans les semaines restant de son mandat sera probablement défait par Trump aussitôt qu’il aura pris ses fonctions. A une condition toutefois : si d’ici là la guerre n’a pas pris un tour tel que le nouveau pouvoir ne puisse rien faire ni pour l’arrêter ni même pour lui faire faire marche arrière, à supposer bien sûr qu’il n’ait rien d’autre à faire de plus pressé.

    On ne peut exclure que ce soit justement là-dessus que parie l’administration sortante. Reste que le plus significatif pour l’heure n’est pas tant ce que viennent de faire les Etats-Unis que le changement apporté par la Russie à sa doctrine nucléaire quelque temps auparavant. Une révision aux termes de laquelle elle se considère en conflit avec une puissance nucléaire dès lors que le pays avec lequel elle se trouve présentement en guerre se fait appuyer par un ou plusieurs alliés qui eux sont bel et bien des puissances nucléaires. Se doutant que si des missiles à longue portée ont été livrés à l’Ukraine, c’est pour qu’un jour prochain ils soient employés contre elle, elle a pris par avance une décision bien plus radicale et dangereuse : traiter en ennemi direct tout pays fournissant à l’Ukraine un armement susceptible de porter la guerre dans ses murs.

    Source : Le Jour d’Algérie

    #Ukraine #Russie #OTAN #EtatsUnis #Zelensky #Poutine

  • États-Unis-Algérie : Aucune des deux parties ne souhaite une rupture

    Gregory Aftandilian


    Relations entre Washington et Alger sont restées tendues depuis que l’administration Trump, lors de son dernier mois en fonction, a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental – une position longtemps rejetée par le gouvernement algérien, qui soutient le Front Polisario, principal représentant du mouvement pour l’indépendance du Sahara occidental. Le fait que l’administration Biden n’ait pas renversé cette décision a été mal reçu à Alger. Il en va de même des pressions américaines sur l’Algérie pour qu’elle condamne la Russie après son invasion de l’Ukraine. Pour ajouter à ces tensions, l’Algérie s’oppose à l’initiative américaine visant à étendre les accords d’Abraham de 2020, qui ont normalisé les relations entre Israël et certains pays arabes. Néanmoins, les États-Unis et l’Algérie ne souhaitent pas voir leurs relations se détériorer davantage, car les deux pays bénéficient d’une coopération antiterroriste en place depuis 2001, ainsi que d’une coopération politique et économique limitée qu’ils ont développée ces dernières années.

    Les répercussions des accords d’Abraham

    L’administration Trump a vu les accords dits d’Abraham – par lesquels certains pays arabes, notamment les Émirats arabes unis et le Bahreïn, ont établi des relations diplomatiques officielles avec Israël sans aucune avancée sur la question palestinienne – comme une victoire diplomatique. Après une cérémonie de signature à la Maison Blanche en septembre 2020 impliquant des responsables israéliens, émiratis et bahreïnis, l’administration Trump espérait convaincre d’autres pays arabes de faire de même. Le Maroc semblait un choix naturel en raison de sa longue coopération discrète avec Israël au fil des décennies. Cependant, le prix que le Maroc a exigé pour rejoindre les accords d’Abraham était que les États-Unis reconnaissent sa revendication de souveraineté sur le territoire contesté du Sahara occidental. En décembre 2020, le président Donald Trump, désireux d’obtenir une autre « victoire », a accédé à cette demande, contre l’avis de la majorité des professionnels de la politique étrangère, dont l’ancien secrétaire d’État James Baker. Cette décision a renversé la position de longue date des États-Unis soutenant les efforts de l’ONU pour un règlement négocié du territoire du Sahara occidental.

    Le gouvernement algérien, surpris par ce revirement de politique américaine, l’a rapidement condamné. Le Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad a qualifié le développement de « manœuvres étrangères visant à déstabiliser l’Algérie » et a affirmé qu’« il existe désormais une volonté de l’entité sioniste [Israël] de se rapprocher de nos frontières. » L’Algérie, depuis longtemps défenseur de la cause palestinienne, perçoit les efforts israéliens pour établir des liens officiels avec le Maroc comme une menace pour sa sécurité, en raison de la possibilité de coopération militaire israélo-marocaine. Pendant ce temps, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué affirmant que la décision américaine n’avait « aucun effet juridique » car le conflit du Sahara occidental est une « question de décolonisation qui ne peut être résolue que par l’application du droit international. » Sans aucun doute, le gouvernement algérien craignait que la décision américaine sur le Sahara occidental ne renforce les efforts diplomatiques du Maroc liés au conflit. Bien que le Maroc contrôle environ 75 % du Sahara occidental, le Polisario en contrôle les 25 % restants, et son administration politique dans cette région, la République arabe sahraouie démocratique, est reconnue par de nombreux États membres des Nations unies et est membre à part entière de l’Union africaine.

    Déception vis-à-vis de l’administration Biden

    Les espoirs algériens que l’administration Biden renverserait la décision de Trump sur le Sahara occidental ont été déçus lorsque l’équipe Biden a pris ses fonctions en janvier 2021. Bien que le secrétaire d’État Antony Blinken ait déclaré à un journaliste que les États-Unis se concentraient sur le « soutien aux efforts de l’envoyé de l’ONU Staffan de Mistura… pour trouver une solution durable et digne » au conflit du Sahara occidental, ses propos n’ont pas annoncé de renversement de la politique de Trump en faveur des revendications du Maroc sur le territoire. La décision de maintenir cette politique est probablement due au fait que Blinken et d’autres responsables de l’administration Biden voient les accords d’Abraham positivement et souhaitent que davantage de pays arabes y adhèrent. Cela est évident, par exemple, dans les commentaires d’un haut responsable américain anonyme qui a déclaré : « Nous avons travaillé pour renforcer les accords d’Abraham existants, et nous travaillons discrètement mais avec assiduité pour les élargir. »

    La décision de maintenir la politique a été prise car Blinken et d’autres responsables de l’administration Biden voient les Accords d’Abraham positivement et souhaitent que davantage de pays arabes y adhèrent.

    Pendant ce temps, les relations entre l’Algérie et le Maroc se sont encore détériorées, au point d’être rompues en août 2021. À l’époque, l’Algérie a accusé le Maroc de soutenir un parti nationaliste berbère, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, que les autorités algériennes affirment être responsable des incendies qui ont brûlé des dizaines de milliers d’hectares de forêt et causé la mort d’au moins 90 personnes, dont 30 soldats. Étant donné que cette rupture des relations est survenue quelques mois seulement après la reconnaissance par les États-Unis des revendications marocaines sur le Sahara occidental, la décision américaine a sans doute contribué à l’atmosphère acrimonieuse entre Alger et Rabat.

    Pression sur l’Algérie au sujet de la Russie

    Un autre point de tension majeur entre l’Algérie et les États-Unis a été la campagne dirigée par les États-Unis pour obtenir la condamnation de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, campagne à laquelle des membres de la communauté internationale, y compris des États arabes, étaient invités à participer. Cependant, l’Algérie entretient des relations étroites avec la Russie depuis son indépendance en 1962, et environ 80 % de son équipement militaire est russe. Par conséquent, toute tentative américaine dans ce domaine allait forcément être difficile. Jusqu’à présent, le maximum que l’Algérie a fait sur ce front a été de s’abstenir lors de deux votes de l’ONU en 2022 condamnant l’agression de la Russie en Ukraine, malgré les demandes américaines pour une réponse plus ferme.

    En mars 2022, le secrétaire d’État Blinken s’est rendu au Maroc et en Algérie, où il a exhorté la communauté internationale à “intensifier la pression sur la Russie pour mettre fin à cette guerre non provoquée et injustifiée.” Il a également souligné, lors de son passage en Algérie, que l’invasion russe de l’Ukraine devrait amener tous les pays à réévaluer leur soutien à l’intégrité territoriale d’autres États, en affirmant : “Je sais que c’est quelque chose qui tient à cœur aux Algériens.” Mais, étant donné le soutien des États-Unis à la prise de contrôle par le Maroc d’une grande partie du Sahara occidental, l’ironie d’une telle déclaration sur l’intégrité territoriale n’a probablement pas échappé aux Algériens.

    Lors de son séjour au Maroc, Blinken aurait félicité le plan du pays pour la gouvernance du Sahara occidental comme étant “sérieux, réaliste et crédible.” Cependant, il n’a pas répété cet éloge en Algérie, sachant probablement qu’il ne serait pas bien reçu, et s’est contenté de dire que les États-Unis soutenaient pleinement les efforts de l’ONU pour résoudre le différend.

    Bien que le gouvernement algérien n’ait pas publié de compte rendu de la rencontre de Blinken avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, les efforts du secrétaire d’État pour affaiblir les relations algéro-russes ne semblent pas avoir porté leurs fruits. En octobre 2022, la Russie et l’Algérie ont organisé des exercices militaires conjoints en mer Méditerranée, et certains rapports indiquent que l’Algérie, désormais en pleine manne d’hydrocarbures, pourrait bientôt acheter davantage d’équipements militaires russes, y compris des sous-marins, des bombardiers et d’autres avions. En septembre 2022, un groupe bipartite de membres du Congrès a envoyé une lettre à Blinken demandant à l’administration Biden d’imposer des sanctions à l’Algérie pour ses liens militaires avec la Russie. Mais, pour diverses raisons, y compris la position de l’Algérie comme importante ressource gazière pour l’Europe, la lettre n’a pas eu de suite.

    Profiter d’être un hub gazier

    Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’Algérie était le troisième exportateur de gaz vers l’Europe, après la Russie et la Norvège. Depuis la réduction des exportations de gaz russe vers le continent européen en raison de la guerre en Ukraine, l’Algérie a été sollicitée par plusieurs gouvernements européens cherchant à combler le déficit en gaz. Par exemple, en juillet 2022, l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi s’est rendu en Algérie à cette fin. L’Algérie exporte déjà une quantité importante de gaz vers l’Espagne et l’Italie par pipelines et méthaniers, mais ces pays en veulent désormais davantage. En 2021, 83 % des exportations de gaz algérien ont été destinées à l’Europe, dont l’Italie et l’Espagne, qui ont reçu la part du lion, soit 65 %. Étant donné que les États-Unis favorisent des alternatives au gaz russe, ils considèrent sans aucun doute toute augmentation des exportations de gaz algérien vers l’Europe comme un développement positif. Et cette question joue en faveur du maintien des relations américano-algériennes dans une atmosphère calme, malgré leurs divergences sur le Sahara occidental et la Russie.

    Cependant, il existe un désaccord parmi les experts en énergie quant à la quantité de gaz supplémentaire que l’Algérie pourrait réellement envoyer à l’Europe dans un avenir proche. La présidente du conseil d’administration de la société italienne ENI, Lucia Calvosa, a déclaré que le gaz pour remplacer les approvisionnements russes “viendra en grande partie d’Algérie, dont les approvisionnements à ENI doubleront, passant d’environ 9 milliards de mètres cubes par an à 18 milliards de mètres cubes d’ici 2024.” Mais les exportations de gaz vers l’Espagne sont entravées par des questions politiques, car l’Espagne a exprimé son soutien au plan marocain de gouvernance du Sahara occidental, ce qui a conduit l’Algérie à limiter les exportations de gaz vers Madrid. Fin 2021, l’Algérie a cessé d’envoyer du gaz via le pipeline Maghreb-Europe qui traverse le Maroc jusqu’à l’Espagne, bien que d’autres exportations de gaz algérien vers l’Espagne soient toujours acheminées via le pipeline Medgaz.

    En outre, certains experts estiment que le principal défi pour augmenter les exportations de gaz de l’Algérie réside dans sa capacité de production. Le PDG de la société pétrolière et gazière nationale algérienne, Sonatrach, a suggéré que la production de gaz de l’Algérie se concentrerait sur la consommation intérieure, qui pourrait augmenter de 50 % d’ici 2028, selon certaines estimations, et sur le respect des engagements d’exportation existants. Il y a également le problème d’attirer davantage d’investissements étrangers dans le secteur énergétique algérien, qui est entaché d’allégations de corruption. Néanmoins, chaque mètre cube de gaz supplémentaire aide l’Europe dans le contexte actuel, et si les projections optimistes d’ENI s’avèrent exactes, l’Algérie sera perçue par l’Europe et les États-Unis comme une ressource énergétique importante tant que la guerre en Ukraine se poursuivra.

    Essayer de maintenir des relations bilatérales intactes

    Depuis les attentats terroristes contre les États-Unis le 11 septembre 2001, les États-Unis et l’Algérie ont développé des liens étroits en matière de lutte contre le terrorisme, car les deux pays considéraient Al-Qaïda et ses affiliés, comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), comme des menaces majeures. Les détails de cette coopération ne sont pas publics, mais un ancien responsable de la CIA a écrit que l’Algérie a fourni aux États-Unis “d’excellents renseignements” sur Al-Qaïda. Avec le récent départ des forces françaises de certains pays de la région du Sahel, il est possible que la coopération américano-algérienne existante en matière de lutte contre le terrorisme soit renforcée, car plusieurs pays du Sahel, frontaliers du sud de l’Algérie, continuent de faire face à des menaces de groupes extrémistes que Washington et Alger veulent contenir et, en fin de compte, vaincre.

    Dans cette optique, plusieurs délégations de sécurité américaines ont visité l’Algérie au cours de l’année écoulée, dont une dirigée par Brett McGurk, le coordinateur du Conseil de sécurité nationale des États-Unis pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, une dirigée par Chidi Blyden, la sous-secrétaire adjointe à la Défense pour les Affaires africaines, pour co-présider le Dialogue militaire conjoint entre les États-Unis et l’Algérie, et la délégation susmentionnée conduite par le secrétaire d’État Blinken. Bien que Blinken ait été contraint d’aborder des questions épineuses de politique étrangère comme le Sahara occidental, il a également profité de l’occasion pour souligner que la sécurité et la lutte contre le terrorisme sont les « fondements » des relations bilatérales, ajoutant que « les efforts de l’Algérie sont essentiels pour améliorer la stabilité et la sécurité dans la région. »

    Bien que les relations demeurent tendues, aucune des deux parties ne souhaite les rompre, surtout que l’Algérie voit ses relations avec Washington comme une sorte d’équilibre, en particulier lorsqu’elle rencontre des difficultés avec d’autres pays occidentaux, comme la France et l’Espagne.

    Les efforts des responsables américains ont été essentiels pour empêcher une dégradation plus importante des relations entre les États-Unis et l’Algérie à la suite du revirement de la politique américaine sur la question du Sahara occidental. Bien que les relations soient encore tendues, aucune des deux parties ne souhaite les rompre, notamment parce que l’Algérie considère ses relations avec Washington comme une forme de contrepoids, en particulier lorsqu’elle rencontre des difficultés avec d’autres pays occidentaux comme la France (son ancienne puissance coloniale) et l’Espagne. Dans un geste qui reflète cette situation, où l’Algérie est contrariée par Washington mais ne veut pas rompre les liens, le président Tebboune a décidé de ne pas assister au Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique à Washington en décembre 2022, mais a envoyé son Premier ministre pour que l’Algérie soit tout de même représentée.

    Le besoin de réformes démocratiques

    Bien qu’il existe d’autres aspects dans la relation bilatérale, notamment les échanges culturels, le soutien à l’entrepreneuriat, l’aide du secteur privé américain pour améliorer le réseau électrique de l’Algérie, et certains investissements directs américains dans le secteur des hydrocarbures algériens, les États-Unis n’ont pas accordé suffisamment d’attention au manque de progrès démocratique en Algérie. Bien que l’ambassadeur des États-Unis en Algérie ait récemment vanté l’accent mis par l’administration Biden sur les droits de l’homme en tant qu’aspect fondamental de la politique étrangère américaine, et ait félicité l’Algérie pour son accession au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ce qui manque, c’est une pression significative des États-Unis sur le gouvernement algérien pour améliorer les libertés politiques et encourager un changement démocratique dans le pays. La position des États-Unis sur la question du Sahara occidental a sans aucun doute affaibli leur influence à cet égard, mais une question clé reste de savoir si les États-Unis sont même disposés à exercer une quelconque influence sur cette question.

    Ce qui manque, c’est une pression significative des États-Unis sur le gouvernement algérien pour améliorer les libertés politiques et encourager un changement démocratique dans le pays.

    Certes, l’Algérie n’est pas le seul pays autoritaire à avoir obtenu un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Mais les activistes du mouvement Hirak dans le pays, qui ont été déterminants dans la chute de l’ancien dirigeant autoritaire Abdelaziz Bouteflika en 2019, ont dû être déçus par le message de félicitations envoyé par les États-Unis concernant l’accession de l’Algérie à cet organe de l’ONU, d’autant plus que les puissances en place en Algérie — l’élite militaire et les services de renseignement, localement appelés « le pouvoir » — restent aux commandes du pays, et près de 300 militants politiques sont toujours emprisonnés.

    Bien que le mouvement Hirak semble s’être affaibli pour le moment, en partie en raison de la pandémie de COVID-19 et en partie en raison de l’augmentation des revenus d’hydrocarbures qui ont permis au gouvernement de renforcer les dépenses sociales, ce mouvement populaire de jeunes éduqués, désireux d’un avenir meilleur, pas seulement sur le plan économique mais aussi politique, est susceptible de réapparaître dans un avenir pas si lointain. La question pour Washington sera de savoir si les États-Unis soutiendront les forces qui militent pour une véritable liberté politique en Algérie, plutôt que de se contenter d’être le partenaire du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, aussi importante que soit cette mission.

    Source : Arab Center, 25/01/2023

    #Algérie #EtatsUnis #Maroc #SaharaOccidental #Trump

  • La CPI émet un mandat d’arrêt contre Netanyahu et Gallant

    La Cour pénale internationale a émis ce jeudi, un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre de l’entité sioniste Benjamin Netanyahu ainsi que l’ex-ministre de La Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza.

    Les recours déposés par l’entité sioniste rejetant la compétence de la CPI ont été rejetés. L’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant est également concerné.

    « La Chambre a émis des mandats d’arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024 au moins, jour où l’accusation a déposé les demandes de mandats d’arrêt », a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

    Les mandats d’arrêt ont été classés « secrets », afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour. Mais « la chambre considère qu’il est dans l’intérêt des victimes et de leurs familles qu’elles soient informées de l’existence des mandats », a-t-elle expliqué.

    Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés à Gaza.

    Les mandats d’arrêt mettent M. Netanyahu et M. Gallant en risque d’arrestation s’ils voyagent à l’étranger.

    M. Khan avait demandé les mandats d’arrêt en mai, en disant qu’il existait des raisons de croire que M. Netanyahu et M. Gallant portaient « la responsabilité criminelle » de provoquer une famine de masse à Gaza, ce qui constituait des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

    Jeudi, le tribunal a déclaré avoir trouvé des raisons de croire que Deif était responsable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, y compris des meurtres, de la torture, des viols et des prises d’otages.

    Le panel de trois juges a écrit dans sa décision unanime de délivrer des mandats d’arrêt contre M. Netanyahu et M. Gallant : « La chambre a considéré qu’il existait des raisons de croire que les deux individus avaient délibérément et en toute connaissance de cause privé la population civile de Gaza des objets indispensables à leur survie, y compris la nourriture, l’eau, les médicaments et les fournitures médicales, ainsi que le carburant et l’électricité. »

    Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré en septembre avoir soumis deux mémoires juridiques contestant la juridiction de la CPI et affirmant que la cour n’avait pas permis à Israël d’enquêter lui-même sur les allégations avant de demander les mandats.

    Certains États membres ont déjà ignoré les mandats de la CPI, mais M. Netanyahu et M. Gallant risqueraient néanmoins l’arrestation s’ils se rendaient dans un pays ayant signé le statut de Rome de 1998.

    M. Khan avait demandé des mandats contre trois dirigeants du Hamas, dont deux ont été tués depuis, pour des crimes de guerre liés à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 contre Israël, au cours de laquelle des combattants ont tué plus de 1 200 Israéliens, principalement des civils, et enlevé 250 personnes.

    Les mandats d’arrêt pourraient accroître la pression extérieure sur le gouvernement de M. Netanyahu alors que les États-Unis cherchent à négocier un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, mais pourraient bien renforcer la position politique du Premier ministre en Israël à court terme, car la plupart des Israéliens rejettent la juridiction de la CPI, la considérant comme une ingérence dans les affaires intérieures de leur pays.

    Le président israélien Yitzhak Herzog a qualifié la décision de la CPI de « jour sombre pour l’humanité ». Dans un post sur les réseaux sociaux, M. Herzog a déclaré : « C’est un jour sombre pour la justice. Un jour sombre pour l’humanité. Prise de mauvaise foi, la décision scandaleuse de la CPI a transformé la justice universelle en une risée universelle. »

    Le ministre israélien des Affaires étrangères récemment nommé, Gideon Saar, a déclaré que le monde devrait rejeter les mandats d’arrêt contre M. Netanyahu et M. Gallant avec « dégoût » comme une « injustice ». Sur les réseaux sociaux en hébreu, M. Saar a déclaré : « Ces ordres ne sont pas seulement dirigés contre eux personnellement. En fait, c’est une attaque contre le droit d’Israël à se défendre. »

    Les leaders de l’opposition israélienne ont également vivement critiqué la décision de la CPI. Benny Gantz, un général à la retraite et rival politique de M. Netanyahu, a condamné la décision, affirmant qu’elle révélait une « aveuglement moral » et constituait « une tache honteuse d’une proportion historique qui ne sera jamais oubliée ». Yair Lapid, un autre leader de l’opposition, l’a qualifiée de « prix pour le terrorisme ».

    Le président américain Joe Biden a déclaré qu’il ne croyait pas que M. Netanyahu fasse assez pour assurer un cessez-le-feu, après que le dirigeant israélien ait juré de ne pas faire de compromis sur le contrôle israélien du territoire stratégique à Gaza. M. Netanyahu a accusé le Hamas de ne pas négocier de bonne foi.

    Les États-Unis ont précédemment salué les mandats de la CPI contre Vladimir Poutine et d’autres responsables russes pour les atrocités commises en Ukraine, tout en dénonçant la poursuite de la cour contre M. Netanyahu et M. Gallant, une position ambiguë qui a exposé l’administration Biden à des accusations de double standard de la part de nombreux membres de l’ONU, notamment du Sud Global.

    Les mandats ont été émis à un moment sensible pour M. Khan, qui fait l’objet d’une enquête externe sur des allégations d’inconduite sexuelle. L’enquête examinera les allégations contre le procureur de la CPI, qui, selon le Guardian le mois dernier, incluent des accusations de toucher sexuel non désiré et de « abus » sur une période prolongée, ainsi que de comportement coercitif et d’abus d’autorité.

    M. Khan (54 ans) a nié les allégations et a déclaré qu’il coopérerait avec l’enquête. La victime présumée, une avocate de la CPI dans la trentaine, a précédemment refusé de commenter.

    Source : Agences

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