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L’Algérie enquête sur les entreprises françaises au Maroc
Etiquettes : Algérie, France, Maroc, Sahara Occidental, Christophe Lecourtier,
L’Algérie aurait décidé, indiquent des sources fiables, d’enquêter sur les entreprises françaises qui envisagent de réaliser des projets et des activités économiques et commerciales, en collaboration avec le Maroc occupant, dans le cadre de l’exploitation des ressources et des richesses du peuple sahraoui, qui vit sous occupation depuis cinq décennies.
L’objectif de ces enquêtes est de mettre au jour les groupes et entreprises françaises qui prévoient de participer, consciemment ou non, à la violation des décisions de la légalité internationale et des verdicts de la Cour de justice européenne, qui ont retiré toute légitimité et légalité à toute activité politique, économique, commerciale ou d’investissement réalisée par des entités économiques et commerciales européennes, en particulier leurs partenaires directs ou indirects, sur les territoires de la République sahraouie, occupée par le régime marocain. Ce dernier tente, en effet, de consolider sa prétendue souveraineté sur ces terres, bien que la question sahraouie soit inscrite à l’ordre du jour de l’ONU sous le titre de la décolonisation.
Les sources ne précisent pas si les autorités algériennes prendront des mesures contre les entreprises françaises qui seraient impliquées dans l’exploitation illégale des ressources du Sahara occidental, ce qui les exposerait, de fait, aux décisions rendues par la Cour de justice européenne.
Cette initiative fait suite à la visite récente du président français, Emmanuel Macron, au Maroc, durant laquelle il a donné des instructions à son ambassadeur au Maroc, Christophe Lecourtier, de se rendre en territoire sahraoui, à la tête d’une délégation économique, pour explorer les opportunités de projets dans cette région.
Lecourtier est arrivé lundi dernier à la ville de Laayoune occupée, accompagné d’une délégation diplomatique et de dizaines de chefs d’entreprises françaises. Ils ont effectué une visite de trois jours qui a également couvert la ville de Dakhla occupée, sous l’égide de la Chambre de commerce et d’industrie franco-marocaine.
De son côté, l’ambassade de France à Rabat a indiqué qu’un certain nombre de collaborateurs de l’ambassade, responsables des questions culturelles, éducatives et économiques, notamment, ont accompagné l’ambassadeur lors de cette visite. Celle-ci avait pour objectif de rencontrer les populations locales et les autorités pour évaluer les défis et les besoins dans les territoires sahraouis occupés, et définir les moyens par lesquels la France pourrait soutenir leur développement économique et social, conformément aux positions exprimées par Emmanuel Macron avant et pendant sa visite à Rabat.
L’ambassade a précisé que la Chambre de commerce et d’industrie franco-marocaine avait organisé, en parallèle de cette visite, des journées économiques dans les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab, auxquelles participeraient une cinquantaine de chefs d’entreprises et de décideurs économiques du Maroc et de France.
La France, qui traverse une crise multidimensionnelle, dont une dette écrasante dépassant les 3 trillions d’euros, cherche à sortir de cette impasse en collaborant avec le régime marocain, économiquement en déclin et isolé à l’échelle régionale et internationale à cause de ses pratiques coloniales et de ses ambitions expansionnistes, notamment son implication avec l’occupation sioniste dans ses agressions contre Gaza et le Liban. Cela révèle les véritables intentions expansionnistes de la France et de son « pion » le régime marocain et son roi malade, qui cherchent à consolider l’occupation du Sahara occidental, sous prétexte de l’accord de « partenariat exceptionnel » signé entre Mohammed VI et son « maître » représentant du courant du néo-colonialisme français, Emmanuel Macron, le 28 du mois dernier, et qui vise à étendre cette collaboration à l’ensemble des territoires possibles, incluant ainsi le Sahara occidental occupé, en dehors des frontières marocaines reconnues internationalement.
El Khabar, 16/11/2024
#Algérie #Maroc #France #SaharaOccidental #Lecourtier
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🔴ALERTE – Prise d’otages dans un restaurant à Issy-les-Moulineaux (AFP)
Etiquettes : Prise d’otages, restaurant, Issy-les-Moulineaux, Paris,
Une prise d’otage est en cours à Issy-les-Moulineaux, près de Paris, ce samedi. Un homme est retranché dans son restaurant.
Une prise d’otage est en cours à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), ce samedi 16 novembre, d’après les informations de l’Agence France Presse. Un homme est retranché dans son restaurant.
Selon BFMTV, la police et les pompiers ont été dépêchés à la mi-journée. Le quartier est bouclé.#Restaurant #IssylesMoulineaux
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Enjeux de la Première Conférence Ministérielle Russie-Afrique
Etiquettes : Russie, Afrique, conférence ministérielle, Sotchi, Kremlin, Vladimir Putin,
Le 9 novembre 2024, la Russie a ouvert à Sotchi la première Conférence ministérielle du Forum de Partenariat Russie-Afrique, visant à approfondir les relations avec les nations africaines et à contrer la perception d’isolement causée par les sanctions occidentales.
La Russie accueille des ministres africains pour renforcer les liens
La conférence a rassemblé 1500 participants, dont plus de 40 ministres représentant les Affaires étrangères, l’Économie, la Santé, le Développement numérique et l’Éducation de divers pays africains. Parmi les nations présentes figuraient l’Algérie, l’Angola, le Nigeria, l’Éthiopie, l’Ouganda, et d’autres.
Des représentants de haut rang de l’Union africaine et des organisations d’intégration régionale ont également participé, aux côtés de personnalités du monde des affaires, des finances, de l’académie et des médias, venus de Russie et d’Afrique. L’événement a proposé 19 tables rondes axées sur la coopération en matière de sécurité, d’économie, de développement des compétences, de gouvernance numérique, de soins de santé, et de formation diplomatique.
Russie-Afrique : Expansion des relations politiques et commerciales
S’appuyant sur le sommet Russie-Afrique tenu l’été dernier, la conférence ministérielle souligne l’engagement du président Vladimir Poutine à renforcer les relations politiques et économiques avec l’Afrique. Anton Kobyakov, conseiller de Poutine, a précisé que cette conférence ministérielle de deux jours, impliquant des dirigeants gouvernementaux et des figures économiques des deux continents, se tiendra périodiquement sous ce format.
Kobyakov a déclaré : « Nous avons établi des commissions bilatérales intergouvernementales sur le commerce, la coopération économique et scientifique-technique avec de nombreux pays africains. » Il a ajouté : « Cet événement renforce nos accords et marque un nouveau chapitre historique de l’histoire moderne. »
« Renforcer les liens économiques avec la Russie et avec les nations du ‘monde majoritaire’ pourrait bouleverser de manière significative l’équilibre économique et politique vis-à-vis des pays occidentaux, au profit des Africains. La prochaine décennie verra une concurrence acharnée pour l’Afrique, alors que les nations s’attaquent à l’héritage du colonialisme », a souligné Kobyakov.
Situation des pays de l’Afrique orientale et australe (ESA) avec la Russie
Plusieurs gouvernements africains ont commencé à se détourner de leurs alliés occidentaux traditionnels pour se tourner vers la Russie en quête de soutien. Lors de la conférence, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Karamoko Jean-Marie Traoré, a déclaré que la Russie est un partenaire international plus approprié que l’ancienne puissance coloniale française.
Ce sentiment a été partagé par le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, qui a mis en contraste le partenariat « sincère » du Kremlin avec les relations « néocoloniales » entretenues par les puissances occidentales. Outre la collaboration militaire, le Mali explore des projets communs avec la Russie dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications, de la technologie et des mines.
Les entreprises russes collaborent activement avec les gouvernements sahéliens et des partenaires privés dans ces domaines pour apporter des solutions aux défis locaux pressants, les deux parties s’engageant à accélérer les efforts pour des résultats rapides.
Le soutien de la Russie au développement nucléaire en Afrique
Le Rwanda, pays entretenant des liens étroits avec le Royaume-Uni et l’Occident, fait partie des nations africaines ayant signé des accords avec Moscou pour soutenir le développement de l’énergie nucléaire.
Olivier Nduhungirehe, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, présent à la conférence de Sotchi, a mentionné à l’AFP que des centaines d’étudiants rwandais ont été diplômés d’universités russes, y compris dans des spécialités en sciences nucléaires. « Nous visons à former plusieurs professionnels scientifiques hautement spécialisés dans ce domaine », a-t-il ajouté.
Source : Capmad, 14/11/2024
#Russie #Afrique #Kremlin #Putin
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A propos du Sommet ministériel Russie-Afrique
Etiquettes : Russie. Afrique, Occident, Sommet ministériel, nucléaire, ordre mondial multipolaire,
La Russie a utilisé le premier Sommet ministériel Russie-Afrique pour continuer à promouvoir des récits et à conclure des accords qui soutiennent son objectif stratégique de saper le système international dirigé par l’Occident et de renforcer son statut de puissance mondiale en Afrique. Le Kremlin a avancé sa vision d’une Russie leader d’un bloc anti-occidental cherchant un ordre mondial multipolaire, tout en mettant en avant l’idée que la Russie n’est pas isolée sur la scène internationale. La Russie a également abordé l’augmentation de la coopération dans plusieurs secteurs, notamment les finances, l’énergie nucléaire, la technologie satellitaire et la sécurité. Ces partenariats visent à renforcer l’influence russe et son image de grande puissance, aux dépens des intérêts économiques, politiques et de sécurité de l’Occident.
La Russie a utilisé le premier Sommet ministériel Russie-Afrique pour continuer à promouvoir des récits et conclure des accords qui soutiennent son objectif stratégique d’utiliser l’Afrique pour saper le système international dirigé par l’Occident et mettre en valeur sa stature de puissance mondiale. La Russie a organisé le premier Sommet ministériel Russie-Afrique à Sotchi les 9 et 10 novembre. Les responsables russes ont rapporté que 54 pays avaient envoyé des délégations. Le sommet visait à s’appuyer sur le sommet Russie-Afrique de l’été dernier, qui avait réuni des chefs d’État africains. Les responsables russes et africains ont discuté de divers domaines de coopération bilatérale, notamment l’agriculture, la défense, l’éducation, l’énergie, les investissements, la médecine, l’exploitation minière, la coopération politique dans les instances internationales, la science et le commerce.
La Russie a continué à promouvoir sa vision de la Russie en tant que leader d’un bloc anti-occidental cherchant un ordre mondial multipolaire et a mis en avant le récit selon lequel la Russie n’est pas isolée sur la scène internationale. La déclaration conjointe adoptée à la fin du sommet a inclus plusieurs points du plan de Vladimir Poutine pour un « nouvel ordre mondial », s’appuyant sur des récits russes ciblant l’Occident. Poutine se considère comme la « voix » de la « majorité mondiale » qui compose ce nouvel ordre. La déclaration a mis l’accent sur l’importance du respect de la souveraineté, faisant allusion à un récit populaire à travers certaines parties de l’Afrique et de la Russie, selon lequel l’Occident porte atteinte à la souveraineté par des politiques paternalistes et des sanctions coercitives. La déclaration fait également plusieurs références à l’égalité, à l’inclusivité et à un ordre international juste, faisant implicitement avancer le récit de la nécessité d’un système plus multipolaire. La déclaration conjointe décrit explicitement des mesures pour préserver la mémoire historique de l’époque coloniale et condamne les pratiques néocoloniales, soulignant indirectement le statut de la Russie en tant qu’alternative non coloniale et alimentant le sentiment anti-occidental.
Les responsables russes et les médias ont attaqué l’Occident de manière plus explicite pendant et après le sommet. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré qu’un des points d’emphase tout au long du sommet était la nécessité de renforcer la coopération bilatérale pour réduire la dépendance vis-à-vis des mécanismes mondiaux dirigés par l’Occident et avancer vers un monde plus multipolaire. Le média affilié au Corps Afrique de la Russie, Africa Initiative, a déclaré que le sommet montrait que la Russie n’était pas isolée et que le « Sud global » soutient la Russie et non l’« Occident collectif ». La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé que la conférence « anéantissait les espoirs sales » d’isoler la Russie. Les responsables et médias russes ont constamment attaqué les sanctions occidentales et les ont accusées de détruire la mondialisation et d’entraver la coopération commerciale et médicale avec l’Afrique.
Ces déclarations s’inscrivent dans la continuité des récits russes du récent forum des BRICS à Kazan, en Russie, en octobre. Le Kremlin a orienté les médias russes pour présenter le forum des BRICS comme un signe que Poutine est le « leader informel de la majorité mondiale » et que les « tentatives d’isolement » de la Russie ont échoué. Les médias russes ont mis en avant la coopération de la Russie à travers les BRICS et le sommet Russie-Afrique comme stratégique et multifacette, contrairement aux « alliances éphémères » de l’Occident. La déclaration conjointe à la fin du sommet a mis l’accent sur la nature « stratégique » de la coopération Russie-Afrique, tandis que Poutine et Lavrov ont souligné le « soutien total » de la Russie sur « tous les axes ». La présentation russe du sommet Russie-Afrique emprunte également aux récits de la Chine concernant son engagement avec les BRICS et le « Sud global ». La Chine se présente comme le leader du « Sud global » et souligne l’importance d’institutions comme les BRICS pour développer des mécanismes alternatifs qui militent pour un système plus multipolaire et moins dominé par l’Occident.
Les pays africains ont maintes fois exprimé leur préférence pour diversifier et équilibrer leurs liens avec la Chine, la Russie et l’Occident, plutôt que de choisir un camp, ce qui affaiblit les objectifs du Kremlin de former un bloc anti-occidental. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré après le sommet des BRICS que l’Afrique du Sud ne considérait « aucun pays ou bloc de pays comme l’ennemi », mais seulement des amis, et que le non-alignement avec des partenariats diversifiés est préférable à la domination par un seul pays. L’Afrique du Sud a démontré cette position en freinant discrètement les efforts de la Russie pour transformer les BRICS en un bloc explicitement anti-occidental. Les dirigeants africains ont fréquemment exprimé ce désir de travailler avec tous les partenaires prêts à collaborer et de diversifier la coopération sans prendre parti dans les rivalités géopolitiques.
La Russie a discuté de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire et de l’espace avec plusieurs pays, deux secteurs qui élargissent l’influence russe tout en sapant les intérêts économiques, politiques et sécuritaires de l’Occident en Afrique. La Russie et le Rwanda ont discuté de projets visant à augmenter l’éducation et la formation dans le domaine de l’énergie nucléaire. Le Rwanda a signé un protocole d’accord avec l’entreprise publique russe d’énergie nucléaire Rosatom en 2018, qui a préparé le terrain pour un accord ultérieur en 2019 pour construire un centre de sciences nucléaires. Plus récemment, le Rwanda a signé des protocoles d’accord avec la société canado-allemande Dual Fluid Energy en 2023 pour construire un réacteur nucléaire de test et la société américaine NANO Nuclear en août 2024 pour construire des mini-réacteurs au Rwanda. L’Angola a signé un protocole d’accord « dans l’industrie spatiale », élargissant la collaboration préexistante avec le fabricant spatial russe Energia qui a aidé l’Angola à fabriquer et à lancer deux satellites en orbite en 2017 et 2022.
L’accent mis par la Russie sur la coopération nucléaire et spatiale a contribué à étendre son influence sur le continent. La Russie s’est positionnée comme un leader mondial sur le marché de l’énergie nucléaire, y compris en Afrique. La Russie a signé des dizaines d’accords de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire, y compris des accords récents pour construire des centrales nucléaires au Burkina Faso et au Mali. La Russie a progressivement développé la coopération en matière de technologie satellitaire depuis les années 2010. Elle a noué des partenariats avec l’Égypte, l’Angola et la Tunisie pour lancer leurs premiers satellites en 2014, 2017 et 2021, respectivement. Glavcosmos, une filiale de l’agence spatiale russe Roscosmos, a signé plusieurs accords avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger depuis 2023 pour leur fournir de la technologie satellitaire.
Ces accords créent de multiples opportunités de revenus et de marchés d’exportation pour le Kremlin. La coopération nucléaire permet à la Russie d’exporter des technologies nucléaires, de sécuriser des projets de construction de centrales électriques et de vendre le combustible nécessaire à leur fonctionnement. De même, la technologie satellitaire offre des opportunités pour des entités comme Roscosmos et Energia.
Les projets nucléaires de la Russie sur le continent se font au détriment des intérêts économiques et politiques de l’Occident. Ces projets nucléaires créent une dépendance de l’Afrique à la Russie, renforçant l’influence à long terme du Kremlin sur le continent. Les centrales nucléaires dépendront des experts russes pour les exploiter et les maintenir ou d’un groupe initial d’experts nationaux formés par la Russie. La Russie a mis l’accent sur les initiatives d’éducation et de formation pour créer cette autosuffisance, mais les pays continueront de dépendre de la Russie pour le combustible nucléaire, ce qui a causé des problèmes de dépendance pour les pays européens.
L’Occident manque d’influence politique en soutenant les efforts spatiaux de l’Afrique, au détriment de l’influence politique et des préoccupations de sécurité nationale. Les États-Unis ont utilisé la diplomatie spatiale pendant la guerre froide pour signifier leur engagement envers le continent et aider à définir les normes internationales sur l’espace, mais le continent se tourne désormais vers des pays comme la Chine et la Russie en l’absence de l’Occident. Ce changement risque de permettre à la Chine et à la Russie de dicter les positions internationales sur le partage des données, la coordination en matière de sécurité et d’autres normes spatiales internationales. La Chine et la Russie peuvent également utiliser cette coopération pour renforcer leurs capacités de surveillance dans les nombreux cas où elles construisent et lancent les satellites pour leurs partenaires africains.
La Russie a établi des plans pour renforcer ses liens humains avec le continent, ce qui accroît son empreinte diplomatique et son influence en matière de soft power. Les médias russes ont rapporté que le Kremlin prévoit d’ouvrir des ambassades aux Comores, en Gambie, au Libéria et au Togo. Les médias russes ont déclaré tout au long de l’année 2024 que le Kremlin prévoit d’ouvrir des ambassades au Niger, au Soudan du Sud et en Sierra Leone. Le Kremlin vise à développer davantage des liens humains informels avec la Russie en augmentant les liaisons aériennes avec l’Afrique et le nombre d’étudiants africains étudiant dans les universités russes. La Russie a conclu des accords avec la République centrafricaine (RCA) et le Rwanda pour mettre en œuvre un voyage sans visa pour certains responsables.
Le Kremlin a continué de mettre en avant son rôle de fournisseur de sécurité sur le continent, poursuivant ses efforts pour étendre son influence militaire et sa perception en tant que grande puissance aux dépens de l’Occident. La direction russe a mis en avant l’« exportation de sécurité » comme un thème de la conférence, et les remarques d’ouverture de Poutine ainsi que la déclaration conjointe adoptée à la fin de la conférence ont fortement souligné l’importance de la coopération antiterroriste. La déclaration conjointe finale a annoncé des plans pour mettre en place un mécanisme de dialogue afin de coordonner les efforts sur plusieurs questions liées à la sécurité.
Les responsables russes ont tenu des discussions bilatérales avec certains partenaires en matière de sécurité. Le ministre adjoint des Affaires étrangères du Soudan a réitéré que le Soudan est toujours intéressé par la mise en œuvre de son accord pour construire une base navale russe sur la côte de la mer Rouge du Soudan, à Port-Soudan. Mikhail Bogdanov, le ministre adjoint des Affaires étrangères russe et représentant spécial du président russe en Afrique et au Moyen-Orient, a rencontré des responsables des Forces armées soudanaises (FAS) en avril 2024 pour relancer un accord de 2017 pour la base navale en échange de « l’aide militaire qualitative illimitée », mais les FAS n’ont pas encore ratifié ni mis en œuvre l’accord. Les responsables russes ont également rencontré leurs homologues algériens, burkinabés, maliens, nigériens et togolais pour discuter de questions de sécurité pendant le sommet. Ces pays sont clés pour l’empreinte de défense de la Russie à travers l’Afrique de l’Ouest, où des milliers de forces du Corps Afrique russe soutiennent les gouvernements sahéliens au cœur de l’insurrection salafiste-jihadiste de la région. La Russie a augmenté sa coopération avec le Togo ces dernières années, alors que ce pays fait face à l’extension de l’insurrection, tandis que ses opérations conjointes avec les forces maliennes près de la frontière Algérie-Mali ont tendu ses relations historiquement fortes avec Alger.
Les responsables russes ont annoncé des projets d’ouverture de missions commerciales au Sénégal et en Tanzanie, ce qui aidera à relier le réseau russe du Sahel central enclavé à la mer. Ces missions commerciales cherchent spécifiquement à accéder aux ports sénégalais et tanzaniens. L’utilisation par la Russie des ports camerounais comme centre logistique clé pour ses importations et exportations vers la RCA fournit un modèle pour la façon dont le Corps Afrique pourrait utiliser les ports sénégalais comme hubs d’activité au Mali.
L’empreinte croissante de la Russie en matière de sécurité s’est faite au détriment des intérêts occidentaux. Le Kremlin s’est positionné comme un partenaire de sécurité alternatif pour les juntes sahéliennes, ce qui a contribué à leurs décisions d’expulser les forces françaises et américaines menant des opérations antiterroristes contre Al-Qaïda (AQ) et les affiliés de l’État islamique dans le Sahel. Les insurgés se sont renforcés depuis l’arrivée des forces russes et mènent désormais des attaques près des capitales malienne et nigérienne. Une base navale russe au Soudan permettrait au Kremlin de mieux défier l’Occident en mer Rouge et dans des théâtres adjacents tels que la mer Méditerranée et l’océan Indien en cas de conflit élargi.
La Russie a utilisé le sommet pour amplifier les récits vilipendant l’Ukraine. La Russie a accusé l’Ukraine de soutenir le terrorisme en Afrique et a amplifié les déclarations du Mali et du président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) accusant l’Ukraine de terrorisme d’État au Mali. Le Niger et le Mali ont coupé leurs liens diplomatiques avec l’Ukraine après que des responsables ukrainiens aient insinué qu’ils avaient aidé des rebelles touaregs non djihadistes dans une attaque dans le nord du Mali en juillet, qui a tué au moins 84 soldats russes et 47 maliens. Le porte-parole du renseignement militaire ukrainien a déclaré que « les [rebelles non djihadistes] ont reçu les informations nécessaires, et pas seulement des informations » pour permettre l’attaque réussie. Cependant, le gouvernement ukrainien a depuis nié ces affirmations. L’Associated Press, CTP et Radio Free Liberty/Radio Europe ont tous évalué que les combattants impliqués dans l’embuscade avaient des liens à la fois avec l’affilié sahélien d’AQ et la coalition rebelle touareg malienne non djihadiste. Des acteurs non alignés avec la Russie comme le Sénégal et la CEDEAO, qui entretiennent des liens tendus avec les juntes pro-russes, ont également condamné toute ingérence étrangère.
Institute for War, 15/11/2024
#Russie #Afrique #Occident
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Ce que la France a peur de perdre en Algérie
Etiquettes : France, Algérie, Xavier Driencourt, Maroc, Sahara Occidental,
C’est par un communiqué concis et précis que l’Algérie a démenti les fausses informations rapportées notamment par l’ancien ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt, sur une prétendue décision algérienne de suspendre les relations commerciales avec la France.
PAR ZINE HADDADI
Une note attribuée à l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) annonçant une suspension des échanges commerciaux avec la France a fait le tour des réseaux sociaux. Le contenu de la note a été repris par l’ancien ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt, qui a posté avec certitude sur son compte Twitter la prétendue décision des autorités algériennes de suspendre les relations commerciales avec la France.
La réponse de l’Algérie a été catégorique, la rumeur colportée sur les réseaux sociaux et reprise par l’ancien diplomate français Driencourt est fausse et sans fondement. Le démenti des autorités algériennes à ce sujet a émané du bureau de communication des services du Premier ministère.
«Suite aux allégations mensongères colportées par l’ancien ambassadeur de France à Alger, dans son délire haineux et coutumier à l’égard de l’Algérie, au sujet de prétendues mesures restrictives au commerce, la cellule de communication auprès du Premier ministre tient à apporter un démenti catégorique à ces informations erronées et totalement infondées», pouvait-on lire dans le communiqué des services du Premier ministère algérien.
Avant le démenti catégorique de l’Algérie, la rumeur avait pris beaucoup d’ampleur. Néanmoins, un ancien diplomate, qui a été de surcroît directeur d’un service de renseignement, comme Xavier Driencourt, se devait de vérifier l’information avant de verser dans un commentaire assaisonné à la sauce «extrême droite». «Pour remercier la France, l’Algérie décide de bloquer toutes les importations françaises et les exportations vers la France. Nous sommes décidément aveugles», avait écrit l’ex-diplomate dans son post sur «X».
En plus du fait que l’information rapportée s’est avérée être fausse, Driencourt a usé d’un ton hautain qui renseigne sur la haine qu’il voue à l’Algérie. Pour l’ancien diplomate devenu porte-voix de l’extrême droite et proche ami du Makhzen, l’Algérie se doit de remercier la France. Mais la remercier de quoi, la remercier pour quoi ?
Ce que la France à peur de perdre
En vérité, la sortie ratée de Xavier Driencourt traduit les craintes du côté français de perdre en l’Algérie un partenaire privilégié.
En 2023, l’Algérie occupait la place de second marché de destination des ventes françaises en Afrique, selon un rapport du Trésor français publié en mai 2024.
Les exportations françaises vers l’Algérie ont connu une certaine stabilité en 2023 par rapport à 2022 avec une légère baisse de 0,5%, passant de 4,51 milliards d’euros en 2022 contre 4,49 milliards d’euros en 2023. Autrefois produits clés dans les exportations françaises vers l’Algérie, les produits agricoles ont enregistré une baisse de 73%. Dans d’autres secteurs, les exportations françaises se portent un peu mieux.
Les produits industriels (1,9 milliard d’euros en 2023), qui représentent désormais le premier poste d’exportations françaises vers l’Algérie, avec 41,7% du total des exportations vers l’Algérie, ont connu une hausse de 20,5% par rapport à 2022, note le Trésor français dans son rapport.Les ventes d’équipements mécaniques, deuxième poste d’exportation, ont enregistré une augmentation de 16,9% pour s’établir à 1 milliard d’euros (contre 879 millions d’euros en 2022). Quant au troisième poste d’exportation, les matériels de transport, ils s’établissent à 863 millions d’euros (+21,8% par rapport à 2022), ajoute la même source.
Enfin, les produits des industries agroalimentaires, quatrième poste à l’exportation, passent de 305 millions d’euros à 408 millions d’euros, enregistrant l’une des plus fortes progressions sur la période, de 33,6%, pouvait-on lire dans le même rapport.
Cependant, la baisse des échanges dans certains secteurs est frappante, à l’image du blé où les produits de la mer Noire (Russie, Ukraine) ont détrôné les importations de France. Dans le domaine des viandes rouges, l’Algérie a repris les importations depuis l’Espagne depuis quelques mois déjà, tout en maintenant la destination Brésil et Irlande.
Dans le domaine de l’automobile, les marques françaises demeurent les grandes absentes depuis la relance du secteur en 2022. Des firmes européennes, à l’image de Fiat et Opel, ont pourtant fait leur retour en Algérie, ce qui n’est pas le cas de Renault à ce jour ni de Peugeot qui fait partie du même groupe que les marques européennes citées, à savoir Stellantis.
Relations algéro-françaises : un épisode de tension
Ceci dit, il est indéniable que les relations algéro-françaises ne traversent pas leur meilleure période, notamment depuis le soutien officiel au plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental affiché par le président français Emmanuel Macron le 30 juillet dernier et réaffirmé il y a deux semaines lors de son voyage au Maroc.
L’Algérie reproche à la France, à juste titre, d’avoir failli à son rôle de pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qui considère toujours le Sahara occidental comme territoire occupé et non sous souveraineté marocaine, comme le prétend la nouvelle position française sur ce dossier.
La reconnaissance par le président français Emmanuel Macron de l’assassinat du chahid Larbi Ben M’hidi par des militaires français sonne comme une énième tentative de sa part d’éviter à tout prix la rupture avec l’Algérie.
Or, le geste de Macron est passé presque inaperçu, d’autant plus qu’en Algérie, l’assassinat de Ben M’hidi par la France n’a jamais fait de doutes.
Sur fond de crise politique sans précédent depuis la Ve République, la France a pris un virage très à droite voire à l’extrême droite depuis l’été dernier et la position de l’ancien ambassadeur français sur les rumeurs de la suspension des échanges n’en est que l’expression.
Source : L’Algérie aujourd’hui, 15/11/2024
#Algérie #France #Maroc #SaharaOccidental
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Qu’est-ce que le G20?
Etiquettes : G20, économie, Rio de Janeiro, inclusion sociale, la réforme de la gouvernance mondiale et les transitions énergétiques.
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois en novembre 2024.
Les dirigeants des vingt plus grandes économies mondiales (G20) se réunissent cette semaine à Rio de Janeiro, au Brésil, pour discuter des défis les plus pressants du monde.
Le sommet se concentrera sur l’inclusion sociale, la réforme de la gouvernance mondiale et les transitions énergétiques.
Les tensions géopolitiques et commerciales en cours, notamment la guerre en Ukraine et les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, figurent également en bonne place dans les points à l’ordre du jour de cette année.
Le sommet du Groupe des 20 (G20) de cette année est présidé par Luiz Inácio Lula da Silva, le président du Brésil, qui s’est engagé à utiliser la présidence de son pays pour donner une voix plus forte au sud global dans la prise de décision mondiale.
La cérémonie d’ouverture du Sommet, le 18 novembre, verra le lancement de l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté. Cette initiative brésilienne vise à mobiliser les pays et les organisations internationales pour faire progresser la lutte contre la faim et la pauvreté d’ici 2030.
Qu’est-ce que le G20 ?
Le G20 est un forum des plus grandes économies mondiales qui se réunit régulièrement pour discuter des problèmes les plus urgents auxquels est confrontée l’économie mondiale.
Ensemble, les membres du G20 représentent environ 85 % du PIB mondial, un pourcentage qui a augmenté au cours des 20 dernières années, plus de 75 % du commerce mondial et environ les deux tiers de la population de la planète.
Il se compose de 19 pays et de deux organisations régionales. Les membres actuels sont l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, le Mexique, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis, ainsi que l’Union africaine et l’Union européenne.
Que discute le G20 ?
Le G20 a été créé en 1999, après la crise financière asiatique, en tant que forum pour les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des principales économies développées et émergentes, afin de discuter des problèmes financiers mondiaux.
Au milieu de la crise financière mondiale de 2008, il s’est transformé en sommet des dirigeants, un lieu où les présidents et premiers ministres pouvaient se réunir pendant deux jours pour tenter de résoudre les problèmes économiques mondiaux.
Les réunions successives des dirigeants du G20 se sont tenues à Washington DC en 2008, à Londres début 2009 et à Pittsburgh fin 2009, et sont devenues depuis des événements annuels.
Avant chaque sommet, des hauts fonctionnaires appelés « sherpas » préparent les dossiers pour les discussions, avec pour objectif de permettre aux membres du G20 de parvenir à un accord lors du sommet. À l’instar des sherpas dans l’Himalaya, ils guident leurs dirigeants à travers des terrains souvent difficiles et réalisent le travail diplomatique nécessaire.
Il y a également des réunions des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, des représentants commerciaux et des groupes de travail sur la lutte contre la corruption.
Qui est invité ?
La présidence du G20 tourne entre ses membres et est choisie chaque année parmi différentes régions. En 2023, l’Indonésie a été le pays hôte du G20. Cette année, c’est au tour du Brésil, avec un accent sur l’inclusion sociale, la réforme mondiale et la durabilité.
Les dirigeants de plusieurs organisations internationales participent également, notamment le Fonds monétaire international, les Nations Unies, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce.
Dans une interview récente avec le Forum économique mondial, l’économiste en chef de la Banque mondiale, Indermit Gill, a déclaré que l’économie mondiale est confrontée à un problème de croissance lente, avec des ralentissements successifs au cours de chaque décennie du millénaire actuel.
Pourquoi le sommet est-il important ?
Alors que le G7 est composé de pays riches, le G20 réunit des dirigeants tant des économies développées que des économies émergentes, représentant une gamme beaucoup plus large de points de vue.
Il a été crédité d’avoir atteint des accords importants, comme l’engagement de mille milliards de dollars en 2009 pour aider les économies en difficulté pendant la crise financière mondiale.
Cependant, il a parfois été difficile pour un groupe aussi diversifié de pays de parvenir à un consensus. L’espoir que l’agenda du G20 s’élargisse au-delà de l’économie mondiale pour inclure des discussions sur des questions politiques, telles que la sécurité et le changement climatique, ne s’est pas vraiment concrétisé.
Source : World Economic Forum, 15/11/2024
#G20 #Economie
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Troubles d’Amsterdam : Secrétaire d’Etat Achahbar veut démissionner pour relancer le débat sur l’intégration
Etiquettes : Troubles d’Amsterdam, match, Israël, Pays Bas, Ajax, Maccabi Tek Aviv, Maroc, Gaza, racisme,
La Haye.- Nora Achahbar, secrétaire d’État aux Allocations et aux Douanes, envisage de démissionner, insatisfaite des événements au sein du gouvernement après le match Ajax-Maccabi Tel Aviv.
Roland van Erven
Il semble encore une fois qu’un membre du gouvernement NSC souhaite démissionner. Nora Achahbar envisage de quitter son poste de secrétaire d’État aux Allocations et aux Douanes. C’est ce que confirment des sources à La Haye après des informations de la NOS.
Achahbar souhaite démissionner, mécontente des événements au sein du gouvernement après les violences survenues à Amsterdam autour du match de football entre l’Ajax et le Maccabi Tel Aviv jeudi dernier
Lors du conseil des ministres de lundi dernier, les tensions sont montées très haut. Selon des sources du NSC, des propos racistes et anti-marocains auraient été tenus lors de cette réunion, même par des ministres du VVD et du BBB. Achahbar et d’autres membres du NSC auraient eu beaucoup de mal à accepter cette situation, d’autant plus que le premier ministre Dick Schoof n’aurait pas intervenu.
Achahbar souhaiterait annoncer sa démission après la réunion du conseil des ministres, qui est en cours actuellement.
Source : NRC, 15/11/2024
#Maroc #Israël #Gaza #Match #Amsterdam #Achahbar
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Afrique : « Réveil » contre l’oppression néocoloniale (Lavrov)
Etiquettes : Afrique, Russie, colonialisme, néocolonialisme, spoliation,
Discours du ministre des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, lors d’une réunion avec de récents diplômés universitaires entrant au service diplomatique, Moscou, 12 novembre 2024
Collègues,
Amis,
Vous entamez votre troisième mois d’emploi au Ministère. Félicitations pour avoir rejoint l’équipe du Ministère des Affaires étrangères et pour commencer votre carrière professionnelle.
Cette année marque un record de sept ans avec 104 nouveaux diplômés universitaires embauchés. Comme à l’habitude, les étudiants de MGIMO et de l’Académie diplomatique du Ministère des Affaires étrangères forment la majorité des nouveaux recrutés.
MGIMO fête son 80e anniversaire et l’Académie diplomatique son 90e anniversaire. Nous sommes toujours ravis de voir des diplômés de ces institutions parmi nous. Mais nous sommes également heureux d’accueillir des diplômés de l’Université d’État de Moscou, de l’Université d’État de Saint-Pétersbourg, de l’Université d’État de Linguistique de Moscou (à mon époque, elle s’appelait l’Institut des Langues étrangères, mais c’est désormais une université), et de la RANEPA. Félicitations et bienvenue.
Je comprends que vous avez passé des épreuves sérieuses en plus des examens d’État et d’un entretien. On m’a dit que cette procédure était assez difficile. Le fait que vous soyez ici signifie que vous êtes motivés et prêts à travailler sur le front de la politique étrangère dans les meilleurs intérêts de notre pays, ce qui est réconfortant à savoir. J’ai entendu dire que beaucoup d’entre vous maîtrisent des langues rares, y compris des langues orientales, ce qui est essentiel dans notre travail. Je crois que de nombreuses langues ne devraient pas être considérées comme rares, car elles sont les langues officielles de nos voisins en Asie centrale et au Caucase du Sud.
Vous êtes arrivés à un moment critique. Je ne doute pas que vous soyez familiers avec le discours du président Vladimir Poutine lors d’une réunion récente du Club de discussion internationale Valdai. Je le décrirais comme un résultat intérimaire de nos efforts pour atteindre les objectifs que la Russie poursuit depuis les deux ou trois dernières années. Le président s’est exprimé au Ministère des Affaires étrangères le 14 juin et a articulé l’objectif de développer des approches pour la création d’une architecture de sécurité eurasiatique qui ne serait fermée à personne et qui ne serait dirigée contre personne, et les pays de l’Eurasie devraient en être les propriétaires.
Jusqu’à présent, chaque entité de sécurité à laquelle notre pays a participé – du moins les principales, je ne parle pas maintenant de l’Organisation du traité de sécurité collective, qui concerne uniquement l’espace post-soviétique de la CEI, mais je parle des associations de sécurité ouvertes à d’autres pays – a été fondée sur un concept euro-atlantique, ce qui signifie que les États-Unis devaient être présents en Europe et s’occuper de tout ce qui s’y passait. Cela a donné naissance à l’OTAN, qui a ensuite mis l’Union européenne sous son influence (tout le monde en est bien conscient), même si elle avait été créée par les Européens pour les Européens, mais cela appartient désormais au passé.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, que l’Occident a effectivement « privatisée » ainsi que les secrétariats de nombreuses autres organisations internationales, a été construite sur un cadre euro-atlantique. Plutôt que de faciliter des formes égales de coopération réciproque par ces structures, comme stipulé dans leurs chartes et autres documents, le secrétariat s’est ouvertement aligné sur les objectifs définis par l’Occident. Le but est simple : empêcher l’émergence de tout concurrent potentiel. L’Occident saisit tous les prétextes pour ses actions agressives et ses guerres de sanctions, qu’il s’agisse de l’opération militaire spéciale ou des manœuvres menées par la Chine dans le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale. L’Occident utilise n’importe quel prétexte pour tenter de sanctionner une nation qui émerge comme un véritable concurrent. La Chine est en effet devenue un tel concurrent dans le domaine économique, surpassant les États-Unis en matière d’efficacité de ses activités économiques extérieures. De plus, elle excelle sur le « terrain » que les États-Unis eux-mêmes ont établi sous le label de la mondialisation, où les règles fixées par les Américains sont toujours en vigueur. Cependant, ces règles sont de plus en plus modifiées rétroactivement par les États-Unis. Ils ont entravé le fonctionnement de l’OMC, car si le grand nombre de différends soulevés par la Chine étaient jugés, les résultats favoriseraient sans équivoque la Chine. Les États-Unis ont également bloqué la réforme du FMI et continuent de refuser aux pays du BRICS et aux autres nations du Sud et de l’Est global une plus grande part de pouvoir de vote reflétant leur véritable poids économique sur la scène mondiale. Au lieu de cela, les Américains conservent injustement leur quota de 17,4 %, préservant ainsi leur pouvoir de veto.
En essence, la Chine et la Russie sont toutes deux des concurrentes. Bien que notre économie ne soit pas aussi robuste que celle de la République populaire de Chine, elle croît régulièrement. Selon le FMI, nous sommes récemment devenus la quatrième économie mondiale, malgré les sanctions sans précédent qui continuent de nous être imposées.
Dans d’autres domaines, comme la sécurité et la dissuasion nucléaire, la Russie se dresse comme une concurrente redoutable des États-Unis sur la scène internationale. De plus, elle est un concurrent pour Washington en matière de justice et de respect du droit international. Nous prônons un strict respect de la Charte des Nations unies, tandis que les États-Unis insistent pour que tout le monde adhère à un « ordre mondial fondé sur des règles. »
Prenons un exemple simple : en 2008, les Américains ont cherché à séparer le Kosovo de la Serbie. Ils ont orchestré une déclaration unilatérale d’indépendance, la qualifiant d’exercice du droit à l’autodétermination des peuples. Même la Cour internationale de Justice a rendu un jugement, comme le souligne fréquemment le président Vladimir Poutine, concluant que, dans le cas du Kosovo, une déclaration d’indépendance unilatérale par une région ne nécessite pas le consentement des autorités centrales.
Cependant, lorsque la Crimée s’est opposée aux nazis qui ont pris le pouvoir par un coup d’État illégal, et que le Donbass a refusé de se soumettre à eux, les Américains ont soudainement invoqué un autre principe de la Charte des Nations unies – l’intégrité territoriale.
Permettez-moi de vous rappeler que l’Assemblée générale a abordé cette question. La Déclaration a été adoptée par consensus, stipulant que tous sont tenus de respecter l’intégrité territoriale des États dont les gouvernements défendent le principe de l’autodétermination et, par extension, représentent l’ensemble de la population résidant dans le territoire concerné.
Après le coup d’État, ceux qui ont d’abord attaqué la langue russe et expulsé les Russes de Crimée représentaient-ils la population du Donbass et de Novorossiya ? Certainement pas. C’est pourquoi nous défendons le respect total de la Charte des Nations unies, et son application intégrale, plutôt que son application sélective comme un « menu » dont on choisit les principes selon la situation ou qu’on ignore lorsqu’ils sont gênants.
Cette position mérite le respect, même en ce qui concerne l’Ukraine. De plus en plus, nos partenaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine commencent à comprendre, lorsqu’on leur dit que « la Russie doit être condamnée pour son attaque », que ces événements ne se sont pas produits dans l’isolement. Lorsque les États-Unis ont attaqué l’Irak, un pays situé à 10 000 kilomètres de leurs côtes, ils n’ont même pas tenté de comprendre la situation.
Nous martelons ce point et essayons d’éclaircir la situation existante depuis maintenant dix longues années. Le premier article de la Charte des Nations unies aborde les droits de l’homme et stipule clairement que chacun doit respecter les droits de l’homme de tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. Nous avons contacté l’UNESCO et l’OSCE. Durant toutes ces années, la langue russe a été systématiquement et législativement éliminée de l’éducation, des médias et de la culture en Ukraine. Il n’y a pas si longtemps, l’Église orthodoxe ukrainienne canonique a été interdite. Ni l’UNESCO, ni l’OSCE, ni aucune autre organisation de défense des droits de l’homme n’ont bougé le petit doigt pour remédier à cela.
Cette injustice, obsession de l’Occident de maintenir sa domination en déclin par tous les moyens tout en fermant les yeux sur les crimes inacceptables commis par le régime de Kiev, devient de plus en plus évidente. La majorité mondiale sympathise avec la justice et le droit international.
Face à ce que je viens de dire, et à la manière dont le régime de Kiev essaie systématiquement d’effacer la culture russe et le Monde russe, diverses personnalités, telles que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell, et d’autres, affirment qu’ils soutiendront l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », car elle défendrait prétendument les « valeurs européennes ». Nous n’avons certainement pas besoin de telles valeurs.
Nous allons travailler côte à côte. Vous ne vous ennuierez pas, je vous le promets.
Nous menons de nombreuses initiatives, y compris en Afrique. La première conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique vient de se conclure. Un travail considérable est en cours pour soutenir l’initiative de Russie Unie de lutter contre les pratiques néocoloniales modernes, qui sont répandues. De plus, plusieurs résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU concernant l’indépendance des anciennes colonies restent non exécutées. Les Français et les Britanniques possèdent encore des territoires coloniaux, au nombre de 17, malgré les résolutions appelant au retour de ces îles aux pays concernés.
Lors de la réunion ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, de nombreux interlocuteurs ont exprimé plus fermement que jamais l’idée que l’Afrique veut obtenir sa place légitime et égale dans la division internationale du travail. L’Afrique ne se contente plus de son rôle de fournisseur de matières premières achetées et exportées principalement vers l’Occident. Ce système empêche l’Afrique d’accéder à la majeure partie de la valeur ajoutée et des revenus.
Lorsque l’Afrique s’est éveillée de l’oppression coloniale, cela a été un mouvement puissant. Je sens qu’aujourd’hui nous assistons à un second « réveil » de l’Afrique, cette fois contre l’oppression néocoloniale et les pratiques qui entravent son progrès. Cela se produit lorsque les processus technologiques avancés sont retenus hors du continent, confinant l’Afrique à un statut subordonné. Dans les pays occidentaux, beaucoup plus d’emplois sont créés à partir du traitement des matières premières africaines – un domaine que l’Afrique elle-même exige. Nous observons véritablement ce second « réveil ».
Il existe de nombreux autres domaines d’action. Bien que je ne mentionne pas toutes nos initiatives, je tiens à souligner qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. C’est un principe bien connu, et pour ceux qui souhaitent l’adopter, nous offrons de nombreuses opportunités, y compris des formations spécialisées à l’Académie diplomatique du Ministère des Affaires étrangères de la Russie. Actuellement, nous travaillons sur une collaboration plus étroite entre l’Académie diplomatique et MGIMO, adoptant une approche intégrée pour nos établissements d’enseignement. De plus, nous proposons des Cours Supérieurs de Langues étrangères, notre plus ancien établissement. L’an dernier, ces cours ont célébré leur 95e anniversaire, bien que les origines de notre service de formation linguistique remontent à un décret d’Alexandre Ier du 29 mai 1823. Le bicentenaire a été célébré en 2023. L’établissement dispose de formateurs hautement qualifiés et propose des cours dans 70 langues – dépassant même MGIMO à cet égard.
De plus, nous sommes soutenus par des collègues expérimentés et des mentors senior au sein du Conseil des vétérans du Ministère russe des Affaires étrangères. Nous avons également un Conseil des jeunes diplomates, qui contribuent avec grand enthousiasme. Des efforts importants ont été déployés pour favoriser les relations internationales parmi les jeunes diplomates, culminant dans la création d’une structure internationale et une participation active au Festival mondial de la jeunesse.
Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, 12/11/2024
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Un Trump non conventionnel apporte des opportunités et des périls pour l’Afrique
Etiquettes : Donald Trump, Afrique, Etats-Unis, Maroc, Sahara Occidental,
Alex de Waal
Il est difficile de prévoir les décisions que prendra Donald Trump, président élu des États-Unis, lorsqu’il retournera à la Maison-Blanche.Mais une chose semble peu susceptible de changer : son aversion pour une diplomatie patiente et fondée sur des principes comme moyen de parvenir à la paix, préférant plutôt la politique transactionnelle et les gestes populistes.
Cela apporte des ouvertures et des périls dans certains domaines en Afrique.Il y a huit ans, l’administration Obama travaillait avec l’Union africaine (UA) pour modifier les règles des Nations Unies (ONU) concernant le financement des missions de maintien de la paix, afin de donner une base financière solide aux missions africaines.
La Commission de l’UA a collaboré avec l’ONU et d’autres organisations multilatérales pour construire une « architecture africaine de paix et de sécurité » allant de la diplomatie proactive pour éviter les conflits imminents à des efforts de médiation coordonnés et des opérations de maintien de la paix, le tout soutenu par des normes et principes inscrits dans la Charte de l’ONU et l’Acte constitutif de l’UA.
Cela semble remonter à bien longtemps.
Les plans pour un maintien de la paix plus robuste se sont évaporés avec la transition vers la première administration Trump.
Depuis lors, aucune nouvelle mission de maintien de la paix de l’ONU ou de l’UA n’a été autorisée. Plusieurs d’entre elles, notamment au Darfour (Soudan) et au Mali, ont été fermées, et d’autres ont été réduites.
L’administration Biden n’a pas inversé la tendance.
L’idée de « paix libérale » – selon laquelle la paix, la démocratie, la justice et les marchés ouverts vont de pair – était depuis longtemps un axe puissant de la stratégie mondiale des États-Unis.L’UA a adopté son multilatéralisme mais a rejeté les leçons sur les droits humains et la démocratie, tout en étant divisée sur les interventions militaires occidentales comme en Libye.
Certains dirigeants africains ont préféré la franchise de Trump et son accent sur les résultats.
La « doctrine Trump » pour le Moyen-Orient et l’Afrique a écarté le multilatéralisme au profit d’accords transactionnels avec des alliés américains comme l’Égypte, le Maroc, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et surtout Israël.Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président des EAU Mohamed ben Zayed ont élaboré la stratégie des accords d’Abraham, et Trump a récolté la gloire lorsque les pays arabes y ont adhéré.
Les autres positions constantes de Trump étaient son hostilité envers l’influence de la Chine sur le continent et son aversion pour le déploiement de soldats américains.
À la demande du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi – que Trump a décrit comme « mon dictateur préféré » – le secrétaire au Trésor de l’époque, Steven Mnuchin, a pris en charge la médiation du conflit entre l’Égypte et l’Éthiopie sur les eaux du Nil.
La question immédiate était de savoir quelle quantité d’eau serait retenue par le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne alors qu’il approchait de son achèvement.
Alors que les discussions piétinaient, Washington a pesé de son poids en suspendant l’aide à l’Éthiopie, tandis que Trump suggérait que l’Égypte pourrait « faire sauter » le barrage.
Les États-Unis ont reconnu la revendication du Maroc sur le Sahara occidental en échange de l’adhésion de Rabat aux accords d’Abraham, reconnaissant ainsi Israël.
À l’époque de la « paix libérale », un accord pour mettre fin à une guerre civile consistait à rédiger une constitution démocratique, accompagnée de mesures de désarmement et de démobilisation des armées rivales, de justice transitionnelle et de réconciliation, et de programmes financés par l’aide pour apporter des dividendes de paix à la population affectée.La première administration Trump a préféré des négociations directes, où les autocrates concluaient un marché privé discrètement. Les chercheurs appellent cela la « paix illibérale ».
Lorsque le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, s’est rendu au Soudan après la révolution populaire qui a conduit à la destitution du dirigeant militaro-islamiste Omar el-Béchir, son principal objectif était un simple échange : l’Amérique lèverait les sanctions lorsque le Soudan accepterait de signer les accords d’Abraham.
En octobre 2020, la Maison-Blanche a annoncé que le président Trump avait « négocié un accord de paix historique » entre Israël et le Soudan.
Dans la foulée des accords avec Bahreïn et les EAU, et à quelques semaines des élections présidentielles américaines, c’était la « surprise d’octobre » de Trump.Cela est arrivé trop tard pour sauver le Soudan de la crise économique qui a écrasé son expérience démocratique et s’est dissipé après la défaite de Trump face à Joe Biden.
Mais il est raisonnable de supposer que la deuxième administration Trump poursuivra dans cette voie.Les alignements et les accords exacts sont impossibles à prévoir, et beaucoup dépendra des personnes nommées à des postes clés. Mais la « paix libérale » est maintenant morte et enterrée.
Le Soudan est actuellement la plus grande guerre en Afrique et sa pire famine depuis des décennies. Rien n’indique que Trump s’en préoccupe.Le plus grand obstacle à la paix est que les EAU soutiennent une faction avec des armes et de l’argent tandis que l’Égypte et l’Arabie saoudite soutiennent l’autre. Il n’y a aucune perspective de paix tant que cela continue.
Pour ces faiseurs de pouvoir arabes, le Soudan n’est qu’un élément de leurs calculs géostratégiques, classé en dessous d’Israël-Palestine, de l’Iran et des relations avec Washington.
Mais s’il y a un remaniement des cartes politiques au Moyen-Orient, un accord sur le Soudan pourrait être un sous-produit, voire une opportunité pour Trump de se poser en pacificateur inattendu.Cela ne mettrait pas fin à la violence, encore moins introduirait la démocratie, mais cela ouvrirait l’espace à des négociations sérieuses.
Un calcul similaire vaut pour l’Éthiopie et ses relations tendues avec une coalition menée par l’Égypte incluant l’Érythrée et la Somalie.
Aux côtés d’une série de dirigeants africains, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est fortement dépendant de la générosité émiratie. Les tensions dans la Corne de l’Afrique seraient réduites si l’Égypte et les Émirats arabes unis harmonisaient leurs stratégies.
La politique de l’administration Biden envers la Corne de l’Afrique n’était ni engagée dans le multilatéralisme de principe, ni prête à utiliser son influence auprès des États du Golfe.
Ses émissaires ne pouvaient que viser de petites victoires, comme des pauses dans les combats ou l’ouverture de points de contrôle pour les convois d’aide.Les guerres enchevêtrées au Soudan, en Éthiopie et chez leurs voisins réclament une action audacieuse – et si Trump en avait l’intention, il pourrait trancher le nœud gordien.
Mais les risques de conflagration sont élevés.
La Maison-Blanche sous Trump n’est guère susceptible de freiner les tendances belliqueuses des faiseurs de pouvoir au Moyen-Orient ou des dirigeants africains et, en particulier pendant le vide politique des États-Unis au cours des prochains mois, l’un de ces dirigeants pourrait lancer une guerre, convaincu que l’Amérique ne réagira pas.Lors de son premier mandat, Trump n’a montré aucun intérêt pour la présence militaire américaine en Afrique.
Apparemment sur un coup de tête, il a ordonné le retrait des troupes américaines de Somalie, où elles étaient impliquées dans la lutte contre le groupe djihadiste al-Shabab – une décision annulée par l’administration Biden.
Il est peu probable que Trump prête attention aux opérations du Pentagone contre les djihadistes là-bas ou au Sahel ouest-africain, à moins d’un incident de grande envergure avec des victimes américaines.
Et les alliés des États-Unis au Moyen-Orient seront désireux que les États-Unis conservent leur base militaire à Djibouti.Les rapports de collusion entre les Houthis du Yémen et al-Shabab, augmentant les risques d’attaques en Afrique de l’Est ou sur les navires dans l’océan Indien, pourraient raviver l’intérêt des États-Unis pour les opérations militaires.
Alternativement, des missions pourraient être sous-traitées à des alliés comme les Émirats arabes unis ou des entrepreneurs militaires privés.La relation du président kényan William Ruto avec Biden ne lui sera d’aucune aide, mais le nouveau statut du Kenya en tant qu’« allié majeur non-OTAN » – et contributeur de police pour Haïti – restera probablement bien accueilli au sein du département de la Défense.
Le rapport entre le président kényan William Ruto et Biden ne lui sera d’aucune aide, mais le nouveau statut du Kenya en tant qu’« allié majeur hors de l’OTAN » – et contributeur de forces de police en Haïti – lui permettra probablement de maintenir une bonne position au sein du Département de la Défense.L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui le foyer des mouvements jihadistes les plus actifs du monde, ainsi qu’une vague de putschistes qui concluent des accords avec l’organisation de sécurité russe, le Groupe Wagner, désormais intégré dans le Corps Afrique de la Russie.
Si Trump voit l’Afrique de l’Ouest à travers le prisme des relations avec Moscou, et son accord prévu avec le président Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine, cela introduira un facteur imprévisible dans la politique de la région.
Mais des tensions surgiront parce que son allié, le Maroc, a ses propres ambitions de leadership stratégique en Afrique de l’Ouest.
Le Maroc est un allié majeur hors de l’OTAN et se méfie de l’influence russe en Algérie, en Libye et au Sahel – un mélange qui serait exacerbée si Trump conclut des accords avec Poutine.La politique transactionnelle implique de conclure des accords avec les leaders de coups d’État et les seigneurs de guerre dont les crimes constituent leurs lettres de créance.
Les principes de l’Union Africaine, comme l’interdiction des changements anticonstitutionnels de gouvernement, seront ignorés.Le président nigérian Bola Tinubu aurait peut-être préféré Biden, mais il connaît bien le style politique de Trump et cherchera une formule pour maintenir l’Amérique de son côté dans sa guerre contre le groupe jihadiste Boko Haram.
En février, quelques semaines après l’inauguration présidentielle à Washington, les dirigeants africains se réuniront à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour élire un nouveau président de la Commission de l’Union Africaine.Le président sortant, l’ex-premier ministre tchadien Moussa Faki Mahamat, était satisfait d’être un commerçant dans le bazar politique des années Trump-Biden.
Son successeur devra relever le défi de savoir que la meilleure formule de l’Afrique pour la paix et la sécurité repose sur une coopération multilatérale fondée sur des normes, mais l’année 2025 sera une année inauspicieuse pour raviver ce projet.
Alex de Waal est le directeur exécutif de la World Peace Foundation à la Fletcher School of Law and Diplomacy de l’Université Tufts aux États-Unis.
Source : BBC, 13/11/2024
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L’Afrique “sera tout en bas de la liste des priorités de Trump” (experts)
Etiquettes : Afrique, Etats-Unis, Donald Trump, Nigeria, Kenyal, Maroc, Sahara Occidental,
En Afrique, de maigres attentes et quelques espoirs pour un second mandat de Trump
ABUJA, Nigéria (AP) — Les dirigeants africains ont peut-être été prompts à féliciter Donald Trump pour son élection, exprimant leur désir de partenariats mutuellement bénéfiques, mais les attentes sont faibles quant à l’idée que sa présidence pourrait changer les choses pour ce continent de plus de 1,4 milliard de personnes.
À la suite de la victoire de Trump, William Ruto, du Kenya, a déclaré que son pays était “prêt” à approfondir ses relations avec Washington. Bola Tinubu, du Nigeria, a évoqué une deuxième administration Trump qui marquerait le début d’une ère de coopération “sincère, bénéfique et réciproque.”
Cependant, les observateurs estiment que les pays africains — que Trump avait un jour qualifiés de “pays de merde” — ne figureront certainement pas en haut de sa liste de priorités.
Priorité basse ou même pas de priorité du tout ?
La politique étrangère des États-Unis n’a pas fait de l’Afrique une priorité depuis un certain temps — si ce n’est en envisageant le continent à travers le prisme de la concurrence avec des rivaux comme la Russie et la Chine, a déclaré Charles Ray, président du programme Afrique de l’Institut de recherche en politique étrangère.
Le président Joe Biden a évoqué l’Afrique comme un partenaire clé, a rappelé Ray, qui a été ambassadeur des États-Unis au Zimbabwe entre 2009 et 2012.
Mais ces paroles n’ont pas été suivies de beaucoup d’actions.
L’Afrique “sera tout en bas de la liste des priorités de Trump” et toute action des États-Unis sur le continent serait probablement motivée par son “style de leadership transactionnel et axé sur l’ego,” a ajouté Ray.
De nombreux experts sont d’accord, citant la stratégie « L’Amérique d’abord » de Trump.
Murithi Mutiga, directeur de programme pour l’Afrique au sein du Crisis Group, dit que le président élu est « un isolationniste convaincu qui veut clairement se retirer » de plusieurs fronts dans le monde.
Certains affirment qu’il y a des accords à conclure, même en Afrique
J. Peter Pham, ancien envoyé spécial de Trump pour les régions des Grands Lacs et du Sahel en Afrique, estime que le prochain mandat de Trump pourrait rechercher des situations « gagnant-gagnant » en Afrique.
Cela pourrait inclure un renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui permet aux pays africains éligibles un accès en franchise de droits aux marchés américains, a précisé Pham lors d’une diffusion sur Voice of America.
Cependant, les législateurs américains se demandent si les pays africains respectent les conditions du programme ou s’ils sapent les intérêts de la politique étrangère et de la sécurité nationale des États-Unis, a ajouté Pham.
L’Afrique du Sud, un des principaux bénéficiaires du programme, a été accusée en 2023 par l’ambassadeur américain Reuben Brigety d’avoir fourni des armes et des munitions à la Russie pour sa guerre en Ukraine. Sa position dite neutre sur le conflit a été remise en question.
Essentiellement, on ne « donne pas un coup dans les dents de l’Amérique » de manière à susciter des interrogations sur le respect de tels accords, a déclaré Pham. Ceux qui le font « seront traités en parias », a ajouté Ray, de l’Institut de recherche en politique étrangère.
Les nombreuses crises de santé en Afrique, les droits à l’avortement et LGBTQ+
La principale inquiétude est que le prochain mandat de Trump réduira les financements. Dans de nombreuses régions d’Afrique, de telles coupes pourraient être cruciales pour des millions de jeunes filles et femmes dont la santé reproductive et les choix sont soutenus par des programmes financés par les États-Unis.
« La situation est déjà difficile pour les filles (et) elle se transformera en catastrophe sans ces services », affirme Valentine Damitoni, mère à 18 ans.
Elle visite régulièrement une clinique locale dans la capitale zimbabwéenne de Harare pour recevoir un contraceptif dans le cadre d’un programme financé par les États-Unis qui lui permet de retourner à l’école sans crainte de tomber enceinte de nouveau.
Max Primorac, ancien administrateur adjoint par intérim de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) — l’un des plus grands donateurs d’aide au développement en Afrique — a critiqué certains programmes de l’agence dans le « Projet 2025 », un plan de 900 pages proposé par la Heritage Foundation pour restructurer le gouvernement fédéral.
Primorac a notamment critiqué les programmes de l’USAID qui « promouvent l’avortement, l’extrémisme climatique et les interventions contre le racisme systémique perçu ». Le document est censé s’aligner étroitement sur la vision de Trump, bien qu’il s’en soit distancé.
Kiron Skinner, responsable de la planification politique au département d’État américain durant le premier mandat de Trump, recommande dans le document qu’en Afrique, l’Amérique se concentre sur la sécurité, l’économie et les droits de l’homme, plutôt que d’imposer des initiatives « radicales en matière d’avortement et pro-LGBT ».
Nouveaux alignements en Afrique, tournés vers la Russie et la Chine
Dans la région instable du Sahel, les militaires évincent de plus en plus les présidents élus et exploitent les sentiments anti-occidentaux pour rompre les liens avec des alliés de longue date comme les États-Unis et la France — tout en se tournant vers un nouvel allié : la Russie.
La Chine, qui présente les prêts d’infrastructure aux pays africains comme une coopération mutuellement bénéfique, interfère rarement dans la politique interne des pays bénéficiaires. La Russie, le principal fournisseur d’armes du continent, entretient souvent des liens avec les juntes militaires africaines.
Les deux pays, tout comme les États-Unis, manifestent un grand intérêt pour les riches ressources minières de l’Afrique.
Mutiga, du Crisis Group, déclare que « le problème, historiquement, est que les États-Unis et l’Occident considéraient l’Afrique comme un problème à résoudre ». La Chine et d’autres « y voyaient une opportunité à saisir ».
Trump fera-t-il marche arrière sur les engagements de Biden ?
L’administration Biden a annoncé en décembre dernier qu’elle avait investi au moins 22 milliards de dollars en Afrique et promis d’en faire plus. Trump, lors de son premier mandat, a cherché à réduire les financements pour les affaires étrangères, parfois jusqu’à 30 %.
Les analystes se demandent si les projets clés des États-Unis en matière de santé, de sécurité et de développement seront mis en œuvre sous Trump — particulièrement en cette période d’aggravation de la faim et de recrudescence des menaces à la démocratie en Afrique.
Pour de nombreux Africains ordinaires, Trump est simplement un dirigeant lointain qui ne peut pas vraiment changer leurs problèmes quotidiens.
« Trump… ne va pas nous sauver de la faim causée par notre gouvernement », déclare Isah Mohammed, un vendeur de fruits dans la capitale nigériane, Abuja.
Les foyers de tension en Afrique, du Sahara occidental à la Somalie
Au Maroc, beaucoup ont jubilé après la victoire de Trump, espérant que son retour au pouvoir aiderait le pays d’Afrique du Nord à faire avancer sa quête pour obtenir la reconnaissance mondiale de sa souveraineté sur le Sahara occidental contesté.
« Le retour de l’ami du Maroc à la Maison-Blanche », a proclamé le journal Assabah dans son éditorial.
Dans le cadre d’un accord plus large comprenant la normalisation des relations du Maroc avec Israël, Trump a changé la politique de longue date des États-Unis et a reconnu la souveraineté du Maroc avant de quitter ses fonctions en 2020.
Biden n’a pas annulé cette décision — mais n’a pas non plus fait avancer la promesse de l’administration Trump de construire un consulat dans le territoire contesté.
La stabilité dans la Corne de l’Afrique est de plus en plus menacée par la guerre qui fait rage au Soudan et les tensions croissantes entre la Somalie et l’Éthiopie au sujet d’un accord commercial conclu entre cette dernière et la région séparatiste du Somaliland.
Trump réduira probablement le financement de la Somalie et s’engagera davantage avec le Somaliland, prédit Rashid Abdi, analyste au think tank Sahan Research basé à Nairobi.
Qu’est-ce qui freine le progrès de l’Afrique ? Peut-être l’Afrique elle-même
Le G20, le groupe des principales économies mondiales, a accueilli l’Union africaine en tant que membre permanent l’année dernière — une reconnaissance puissante des plus de 50 pays du continent et une décision que Biden avait qualifiée de « tardive mais nécessaire ».
Mais malgré cette avancée sur la scène mondiale, les observateurs estiment que l’union et ses dirigeants n’ont pas été à la hauteur des attentes, échouant à formuler leurs intérêts et à présenter leurs demandes de manière unifiée.
« La question est souvent de savoir ce que Washington fera, mais, en réalité, quels sont les intérêts de l’Afrique ? » a déclaré Mutiga du Crisis Group.
« Nous sommes dans une ère de relations globales transactionnelles, et à moins que l’Afrique ne parvienne à formuler ses propres intérêts, les intérêts de l’Amérique en Afrique continueront d’être déterminés par la concurrence géopolitique avec ses rivaux, » a-t-il ajouté.
Associated Press, 13/11/2024
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